Le collectif Urbanisason organise des balades sonores dans le quartier de Flagey (Ixelles) réalisées par et avec ses habitants. « L’idée de base était de demander à un(e) habitant(e) : « Si tu ne devais montrer à quelqu’un qu’un seul endroit de ton quartier, lequel choisirais-tu ? ». Puis de s’y rendre et récolter les histoires des personnes sur place. » Des lieux qui ne sont pas choisis au hasard. « Pourquoi est-ce que l’on a travaillé dans ce quartier ? C’est parce que les travaux pour le bassin d’orage qui s’y faisaient alors avaient suscité une énorme polémique. En effet, le quartier était en train de se métamorphoser sérieusement, voire de se gentrifier, notamment de par la proximité du quartier européen. » Ensuite, dans un deuxième temps, on propose aux passants, lors d’événements publics de se rendre sur les différents lieux et d’écouter au casque les témoignages et anecdotes in situ. Comme beaucoup de ces espaces disparaissent petit à petit ou sont réaffectés, la balade fait également office de mémoire du quartier. L’objectif de base d’Urbanisason est de faire de la création sonore qui consolide les liens entre le territoire et les habitants, qui tente de mettre en lumière l’âme d’un quartier.
Si les témoignages peuvent aborder des situations conflictuelles ou soulever des points plus politiques, cette dimension critique n’est pas le but premier de la démarche. « On ne le fait pas dans le but d’interpeller les politiques. On ne prend pas parti. On essaie d’avoir un éventail d’avis différents et c’est cela qui va susciter une réflexion qui va plus loin. Si nos choix de lieux peuvent dénoter d’un certain parti pris, en revanche, on laisse parler les gens et on ne les influence pas dans leur discours. On n’a pas toujours un but d’activiste. Quand on fait des balades sonores, on aime aussi rencontrer les gens, les habitants, découvrir des endroits que l’on ne connait pas et puis questionner l’endroit, permettre le débat sur l’espace public. »
Urbanisason se veut aussi tout-terrain, peut utiliser d’autres espaces que le quartier, par exemple lors de festival ou d’action militante (ou non) afin de recueillir ou diffuser des témoignages sonores. Le collectif utilise également l’outil « porteur de paroles » (voir encadré).
Via son projet « BXL-Cap sonore sur l’Europe », le collectif travaille actuellement sur un territoire plus large, celui de l’Europe. Ce projet s’est décliné en deux phases. La première, réalisée en 2012, consistait en la création d’une installation sonore et visuelle qui confrontait le point de vue de vingt-quatre jeunes européens d’origines sociale et culturelle différentes. On recueillait leur avis sur l’Europe, son avenir, ses pays bêtes noires… En 2013, le collectif a décidé de se concentrer sur la participation et sur les actions citoyennes d’interpellation au niveau de la politique européenne en réalisant six capsules et une émission radio diffusée sur Radio Panik. Et ce, toujours dans une optique de confrontation de points de vue. Par exemple très récemment dans le cadre d’une action initiée par Agir pour la paix/Vredes Actie, Urbanisason a recueilli des témoignages de participants et de passants. « On voulait emmener avec nous une des personnes que l’on avait interviewée l’année passée tout en sachant pertinemment que cette personne ne partageait pas totalement le point de vue de l’association. On a fait le choix de faire participer une personne plutôt pro-européenne dans une action plutôt critique de l’Union européenne, le lobby tour ». On poursuit toujours l’idée et l’objectif de susciter le débat et le questionnement chez les auditeurs.
Tous les témoignages sont disponibles sur le blog du collectif http://urbanisason.wordpress.com/