Aux Arts Citoyens ! Une tentative de partage à Villeneuve-Sur-Lot

Photo : Service Culturel Municipal, Villeneuve-sur-Lot

Aux Arts Citoyens ! se défi­nit comme un pano­ra­ma des pra­tiques artis­tiques et cultu­relles avec l’envie de pro­po­ser aux publics les actions les plus diverses liées à la créa­tion, des pra­tiques ama­teurs asso­cia­tives ou enca­drées par la col­lec­ti­vi­té au sein d’ateliers muni­ci­paux jusqu’à une pro­gram­ma­tion pro­fes­sion­nelle qui s’inscrit en des lieux et des horaires surprenants.

Cela passe par des pré­sen­ta­tions des pro­jets menés avec des artistes en milieu asso­cia­tif, sco­laire, social, pro­fes­sion­nel ou encore en asso­cia­tion avec des ser­vices muni­ci­paux qui ont choi­si d’entrer en com­pa­gnon­nage – d’accueillir durant 6 mois envi­ron une équipe artis­tique dans leur quo­ti­dien. Les pro­jets peuvent être nais­sant, en cours ou aboutis.

Du point de vue de la pro­gram­ma­tion pro­fes­sion­nelle, c’est en réfé­rence au pro­pos ou à la manière dont l’œuvre est pré­sen­tée que le carac­tère citoyen per­met d’opérer les choix.

Il arrive tou­jours un moment où la néces­si­té de tran­cher dans ce qui fera ou pas par­tie d’une édi­tion se fait sen­tir et pour pro­po­ser une grille évè­ne­men­tielle qui soit réa­liste, l’équipe du théâtre assu­me­ra une pro­gram­ma­tion, mais celle-ci sera la plus pos­sible atten­tive aux pro­po­si­tions des partenaires.

LA QUESTION DES PUBLICS

Public ou publics ? Le débat peut s’avérer hou­leux, nous avons fait le choix de consi­dé­rer que la frag­men­ta­tion du corps social impose de consi­dé­rer le plu­riel en admet­tant que les inten­tions, du lien social, de la ren­contre, ont bien pour objet de faire public au singulier.

Vil­le­neuve-sur-Lot est forte avec le théâtre Georges-Leygues d’une expé­rience longue de bien­tôt 80 ans. Ce théâtre occupe une place cen­trale tant phy­si­que­ment que sym­bo­li­que­ment, mais si un public constant y est atta­ché, sans réelle sur­prise, beau­coup en ignorent tout ou presque.

La fré­quen­ta­tion s’est construite logi­que­ment en fonc­tion de l’offre : elle est majo­ri­tai­re­ment com­po­sée de per­sonnes au capi­tal cultu­rel et social éle­vé. Un constat qu’il faut modé­rer grâce à l’action du Centre com­mu­nal d’action sociale, lequel a depuis long­temps mis en place avec le théâtre une poli­tique tari­faire inci­ta­tive (3 € par spec­tacle) pour le public des asso­cia­tions partenaires.

Paral­lè­le­ment, le ter­ri­toire dis­pose de dyna­miques asso­cia­tives sou­vent indé­pen­dantes, quelques-unes dans une coopé­ra­tion avec l’action cultu­relle de la col­lec­ti­vi­té. Elles couvrent un champ très large de dis­ci­plines et d’esthétiques.

Tout l’enjeu de Aux Arts Citoyens ! est d’offrir la pos­si­bi­li­té de croi­se­ments, de débats, d’une recon­nais­sance par les dif­fé­rents acteurs comme par les dif­fé­rents publics de l’existence et de l’intérêt d’actions qu’ils connaissent peu et consi­dèrent soit ne pas être à leur por­tée, soit ne pas être digne d’intérêt.

Dans ce des­sein et même si de toute évi­dence cette option est dif­fi­cile à assu­mer, le pro­gramme de l’évènement accorde sen­si­ble­ment la même place à une créa­tion ame­née par une équipe de renom­mée pro­fes­sion­nelle et ou publique qu’à la pré­sen­ta­tion d’un ate­lier mené en temps scolaire.

Nous ne consi­dé­rons pas Aux Arts Citoyens ! comme un fes­ti­val. Il est pour nous un outil qui tâche de résu­mer tout un pan de l’action cultu­relle et sociale, il a des fon­de­ments et des actions qui se retrouvent sou­vent sur une ou plus d’une sai­son, ce serait presque un « label ». Prag­ma­ti­que­ment, il faut bien trai­ter sa com­mu­ni­ca­tion sous un aspect évènementiel.

Si de manière géné­rale, cha­cun s’accorde à recon­naître la frag­men­ta­tion, les groupes atti­rés par tel ou tel type d’offre, le plus dif­fi­cile est d’avoir une connais­sance réelle des caté­go­ries de public qui en découlent en dehors des grands traits presque cari­ca­tu­raux (Les jeunes et les musiques actuelles, les musiques et danses tra­di­tion­nelles, le théâtre clas­sique pour un public érudit…).

Sur ce point, nous avons com­men­cé à struc­tu­rer une cel­lule de média­tion qui tra­verse les ser­vices cultu­rels de la col­lec­ti­vi­té et un groupe de tra­vail où nous rejoignent les sec­teurs asso­cia­tifs, sco­laires et sociaux, accom­pa­gnés par une socio­logue qui inter­roge la rela­tion du public à la culture.

UNE ACTION DANS LA VILLE

En action, nous avons choi­si avec Aux Arts Citoyens ! d’aller à la ren­contre de la ville là où se trouvent, agissent ou vivent, les gens.

Mar­chés, écoles, centres sociaux, club de troi­sième âge, espace public, local asso­cia­tif, centre cultu­rel, hall de la mai­rie, jar­din caché ou quar­tier excentré.

Durant dix jours, nous allons à la ren­contre et ten­tons de convaincre qui nous ren­con­trons d’en faire de même ; pour ter­mi­ner par une jour­née en famille au parc.

En ce lieu, on a pu sen­tir dès la seconde édi­tion avec une offre variée, que se croisent, se ren­contrent, réel­le­ment des publics qui en forment un.

Le nom même inter­pelle et fait débat atti­rant des per­sonnes qui se sou­cient à titre per­son­nel et/ou pro­fes­sion­nel du corps social, si une pro­po­si­tion est pro­pice au débat, il déborde sou­vent et le prin­cipe d’une ren­contre mul­tiple avec plu­sieurs pro­po­si­tions d’une même équipe artis­tique semble séduire.

C’est de ne pas trai­ter Aux Arts Citoyens ! uni­que­ment en évè­ne­ment qui fait son sel. L’inscription dans la durée nour­rit des ren­contres entre acteurs qui ne tra­vaillaient pas ensemble. Modes­te­ment, Aux Arts Citoyens ! aide à regar­der dif­fé­rem­ment son envi­ron­ne­ment et nous l’espérons à retrou­ver le goût de participer.

Serge Bor­ras est le Direc­teur du Théâtre Georges-Leygues

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