Vous êtes la co-fondatrice et rédactrice en chef de DaarDaar, comment est venue l’idée de créer ce site d’info ? C’était une manière de répondre aux nombreux francophones qui ne lisent pas la presse néerlandophone ? Il y avait une demande ?
L’idée est venue du politologue français Vincent Laborderie, qui ne fait aujourd’hui plus partie de l’équipe. Ne comprenant pas le néerlandais, il s’est demandé s’il existait en Belgique un équivalent du « Courrier international » au niveau national. Face à l’absence de ce genre de média, il a contacté David Charlier ainsi que moi-même, et nous avons décidé de lancer le projet ensemble. DaarDaar est effectivement un média qui rend la presse flamande accessible au public francophone. Si l’existence d’une demande n’a pas officiellement été mesurée par une enquête, elle a été confirmée par le succès de DaarDaar dès son lancement.
Depuis combien de temps existe DaarDaar ?
DaarDaar existe depuis mai 2015. Au fil du temps, notre équipe s’est agrandie. Nous sommes aujourd’hui dix à travailler totalement bénévolement pour ce projet qui nous tient à cœur. Nous payons toutefois les traducteurs et les droits d’auteur qui sont très onéreux. Pour ce faire, nous avons obtenu quelques subsides, et recevons encore régulièrement des dons de nos généreux lecteurs.
Comment faites-vous la sélection des articles à traduire ?
Tous les jours, je consulte les sept grands quotidiens du nord du pays (De Standaard, De Morgen, Het Laatste Nieuws, De Tijd, Het Nieuwsblad, Gazet van Antwerpen et Het Belang van Limburg). Je regarde également les sites internet d’info, comme VRT NWS, NewsMonkey, Bruzz, ou encore les sites plus engagés (MO* et dewereldmorgen, politiquement à gauche, et le Doorbraak, proche du mouvement flamand). Je sélectionne généralement un article dont le sujet n’a pas ou peu été traité en Belgique francophone, ou dont le traitement est différent. Je tente aussi au fil de la semaine de varier les thèmes, et de relayer le plus large panel de médias possible. J’opte par ailleurs très souvent pour des analyses de fond ou des éditoriaux, qui permettent de relater une info tout en exprimant une opinion ou une vision venue du Nord. Pour ce qui est des sujets non relayés par la presse francophone, il s’agit de sujets typiquement flamands, comme par exemple la mauvaise santé économique de De Lijn, ou alors l’un ou l’autre fait de société, ou encore une campagne intéressante, un fait culturel ou médiatique… Pour ce qui relève des thèmes abordés différemment que dans les médias francophones, il s’agit souvent de sujets politiques. On citera par exemple la nomination de la Première ministre MR, inconnue du public flamand, ou encore des opinions sur le nouveau gouvernement flamand, qui pointent parfois des éléments dont les journalistes francophones n’ont pas parlé.
Vous traduisez fidèlement les articles ou vous interprétez quelque peu le leur contenu ?
Nous travaillons avec une équipe de traducteurs professionnels qui traduisent le texte le plus fidèlement possible, sans que la traduction ne soit pour autant littérale. Lorsque le sujet est peu ou pas connu en Belgique francophone, j’y ajoute généralement un encadré pour présenter le contexte du sujet au lecteur. La seule originalité par rapport à l’article source est le choix du titre, que je décide selon le contenu de l’article.
Il y a des sujets que vous choisissez de ne pas traiter ?
Aucune restriction n’existe concernant les sujets traités. En traduisant des textes du Doorbraak, nous proposons par exemple également des opinions nationalistes flamandes. L’unique limite que j’impose concerne les articles écrits par une personne d’extrême droite et/ou dont le contenu a un caractère raciste.