Entretien avec Amandine Gay

Repolitisons l’adoption internationale !

Illustration : Vanya Michel

Après l’excellent docu­men­taire Ouvrir la voix en 2017, la réa­li­sa­trice et mili­tante afro­fé­mi­niste Aman­dine Gay revient avec un film autour des enjeux de l’adoption inter­na­tio­nale. Sor­ti en juin et inédit à ce jour en Bel­gique, le film Une his­toire à soi pose les jalons de ses réflexions sur le sujet à par­tir des témoi­gnages d’adopté·es en vis-à-vis avec leurs images d’archives fami­liales. La réa­li­sa­trice com­plète ses pro­pos avec un essai, Une pou­pée en cho­co­lat (La Décou­verte, 2021), où, à par­tir cette fois de son propre témoi­gnage, elle déploie stra­té­gies de répa­ra­tion et appels au chan­ge­ment de pratiques.

À par­tir de son vécu et ses inter­ro­ga­tions per­son­nelles, Aman­dine Gay, elle-même per­sonne née sous X, ques­tionne dans son livre et son film les sys­tèmes de domi­na­tion à l’œuvre dans les pro­cé­dures d’adoption inter­na­tio­nale tou­chant les acteurs et actrices (adopté·es et adoptant·es) et les ins­ti­tu­tions les enca­drant. Dépas­sant les vécus per­son­nels, elle révèle les pro­blé­ma­tiques que cachent les enjeux liés à l’adoption. Au car­re­four des rela­tions Nord-Sud, des poli­tiques publiques, des débats fémi­nistes ou encore des concepts comme la famille, les parents et les enfants. Aman­dine Gay nous rap­pelle que par­ler d’adoption, c’est inter­ro­ger le racisme sys­té­mique, sa colo­nia­li­té mais aus­si ques­tion­ner l’invisibilisation des per­sonnes adop­tées trop long­temps de mise. Com­ment se construire quand on ne connait pas ou par­tiel­le­ment ses racines ou ses anté­cé­dents médi­caux ? Et quand on subit le racisme sys­té­mique au quo­ti­dien alors que sa famille appar­tient au groupe majo­ri­taire ? L’autrice apporte des pistes de réflexion salu­taires pour les premier·es concerné·es et des réflexions pas­sion­nantes en vue de repo­li­ti­ser ce sujet.

Y a t‑il une suite logique entre votre documentaire précédent Ouvrir la voix et ce nouveau documentaire ?

Ouvrir la voix venait de clô­tu­rer un cycle de réflexion de presque une dizaine d’années sur la ques­tion raciale en France et le fait d’être une femme noire. Après m’être beau­coup inter­ro­gée sur ces ques­tions-là, j’avais envie de m’intéresser à l’adoption. Enta­mer un tra­vail de réflexions me sem­blait impor­tant par rap­port à mon iden­ti­té, mais aus­si par rap­port à un enjeu qui me sem­blait très poli­tique et que je vou­lais abor­der dans l’espace public.

Votre film « Une histoire à soi » repose sur un dispositif choral de témoignages avec un traitement très particulier mêlant voix off et archives personnelles. Là où votre livre est très percutant, le film semble moins direct. C’est une impression ou c’est quelque chose de réfléchi ?

Je pense que c’est une vision très blanche ! Je me rends compte qu’il y a une attente du côté du groupe majo­ri­taire pour les choses un peu coup de poing parce que fina­le­ment ça recentre les Blancs. Si j’ai fait Ouvrir la voix d’abord pour les femmes noires, je pense que ça a tou­ché ce public et ça lui a par­lé aus­si. Ce qui est per­çu par le groupe majo­ri­taire comme violent, c’est le fait qu’on parle de lui en terme cri­tique alors qu’en fait, dans Une His­toire à soi, c’est une défla­gra­tion de vio­lence : la vie de ces per­sonnes qui racontent des choses très dures, ce qui leur est arri­vé, est révé­la­teur d’une vio­lence sys­té­mique. C’est peut-être quelque chose qui est plus dif­fi­cile à voir, mais c’est un film dans lequel on aborde des ques­tions de rap­ports de classes, des ques­tions Nord-Sud. On aborde aus­si le racisme, même s’il est moins cen­tral dans ce film.

Sur la forme, Une His­toire à soi est encore plus auda­cieux car il n’est consti­tué que d’archives et de témoi­gnages. On ne voit pas les gens face camé­ra. C’est peut-être une des moda­li­tés au tra­vers des­quelles ça peut paraitre moins violent. Dans le livre, il y a quelque chose de plus volon­ta­riste dans l’optique de faire chan­ger la pra­tique. Mais je vois aus­si le ciné­ma comme un lieu d’expérimentation et de créa­tion, quelque chose d’esthétique. Si je vou­lais faire de la poli­tique et aller dans des débats pour argu­men­ter face à des gens, je le ferais. Mais je crois en la pos­si­bi­li­té, pour des œuvres, d’amener des décen­tre­ments chez toutes les per­sonnes qui sont aux inter­sec­tions de ce que je raconte, les femmes noires pour Ouvrir la voix, les per­sonnes adop­tées adultes pour Une His­toire à soi. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant un com­bat ou de mettre des claques que de m’assurer qu’il y ait cer­taines choses qui soient dites. La vio­lence, s’exprime tou­jours mais de dif­fé­rentes façons. L’enjeu, ce n’est pas tant d’épater le bour­geois ou d’avoir un échange fron­tal avec le groupe majo­ri­taire, que de ques­tion­ner à chaque fois ce qu’est l’universel et qui le repré­sente. Et qu’en quit­tant la salle ou en refer­mant le livre, les gens aient beau­coup moins de cer­ti­tudes sur un ensemble de sujets qui leur parais­saient très simples ou binaires.

Le livre et le film démontrent avec une précision parfois chirurgicale que l’adoption est au carrefour d’une colonialité à l’œuvre dans nos pays…

Ce qui est impor­tant à chaque fois, c’est d’essayer de retis­ser le fil. Nous sommes quand même beau­coup pris dans un dis­cours qui fonc­tionne avec les médias actuels et les réseaux sociaux où tout doit aller très vite et s’inclut dans la culture du clash, dans la demande de réponse binaire. On me demande par exemple sou­vent de répondre si oui ou non je suis pour l’adoption trans­ra­ciale… En fait ce n’est pas le sujet. Ce qui m’intéresse, c’est d’arriver à com­prendre les effets sociaux et à mon­trer com­ment quelque chose se consti­tue. Je pré­fère démon­trer un conti­nuum colo­nial à l’œuvre plu­tôt que de par­ti­ci­per à un grand débat sur la repen­tance. Il y a quelque chose de très détaillé dans le livre parce que je suis fati­guée d’assister à des débats théo­riques qui ne semblent pas carrés.

Avec l’adoption, plu­tôt que d’affirmer un héri­tage colo­nial, j’ai obser­vé ce qu’il s’est pas­sé avec la ges­tion des enfants métis·ses à l’époque de l’esclavage ou pen­dant les colo­ni­sa­tions en Indo­chine ou en Afrique. J’observe les lois qui y ont été atta­chées. J’essaie de com­prendre l’esprit de ces lois. Je regarde ce qui s’est pas­sé avec la ges­tion des enfants autoch­tones et leurs racia­li­sa­tions dans les pen­sion­nats. Qu’est-ce qui y res­semble aujourd’hui dans les dis­cours, n’y a‑t-il quand même pas des traces, des résur­gences dans le pro­ces­sus d’adoption inter­na­tio­nale ? Après, on peut ne pas être d’accord avec moi, mais j’ai déplié ma logique. Je pense qu’il est en tout cas plus dif­fi­cile de mettre en doute l’existence de ce conti­nuum colo­nial dans l’adoption à l’issue de la lec­ture du livre.

Le livre et le film sont des remèdes à la médiocrité ambiante et offrent, au-delà des constats, des tentatives de réponses collectives. Dépasser l’égo pour le collectif, c’est important ?

Il y a dif­fé­rentes façons d’être une acti­viste et d’agir dans la socié­té. Et elles ne sont pas for­cé­ment sépa­rées de la théo­rie car elles peuvent être le fait de per­sonnes qui pensent et écrivent, ce qu’Ella Baker désigne comme étant les orga­ni­zers. Elle-même diri­geait des écoles et écri­vait beau­coup sur la péda­go­gie au sein de la com­mu­nau­té noire. Une de ses cita­tions les plus connues est : « Les gens forts n’ont pas besoin de lea­ders forts ». Alors, autant je trouve que l’absence de struc­ture pré­sen­tée comme la liber­té abso­lue, ce n’est pas for­cé­ment une bonne chose (pour avoir été dans des groupes mili­tants, je pense que c’est très impor­tant qu’il y ait des struc­tures et des per­sonnes qui soient des porte-paroles iden­ti­fiées comme res­pon­sables), autant ça ne veut pas dire que les porte-paroles ne peuvent pas fonc­tion­ner col­lec­ti­ve­ment par exemple en triumvirat.

Ce que je trouve inté­res­sant dans cette idée de « per­sonnes fortes sans lea­der fort » c’est cette façon de contes­ter une vision très mas­cu­li­niste de ce qu’est la révo­lu­tion, de ce qu’est l’organisation, c’est-à-dire de tou­jours essayer de pen­ser cela en termes col­lec­tifs. Sans m’extraire du groupe, j’ai peut-être choi­si de faire un pas de côté avec la créa­tion et la réflexion. Mais c’est aus­si parce que je ne peux pas sor­tir de livre si je suis en per­ma­nence en train de faire d’autre chose. Nous sommes dans une époque qui fait des gros appels du pied popu­listes, où on va très faci­le­ment taper sur l’intellectualisme, sur la recherche, sur la réflexion, sur la prise de temps. Or, autant je trouve que la dimen­sion éli­tiste de la recherche et cette idée que seules des per­sonnes qui ont un doc­to­rat pour­raient s’exprimer sur un sujet est très cri­ti­quable — des gens qui ont un point de vue situé sont tout aus­si valides que des uni­ver­si­taires pour par­ler de cer­tains sujets — autant j’estime qu’il y a un temps à prendre pour la réflexion. On ne peut pas construire une pen­sée à la va-vite ou en s’exprimant seule­ment sur Twitter.

Ce qui m’intéresse, c’est de déplier un sujet. Si je parle de mon expé­rience, c’est pour la rendre acces­sible d’abord aux gens qui me res­semblent et parce que je veux que les gens adop­tés, plus jeunes, sachent que l’image qu’ils ont de moi aujourd’hui dans les médias, n’a pas tou­jours été celle-là. Moi aus­si, j’étais dépres­sive, j’ai tra­ver­sé des périodes extrê­me­ment com­pli­quées, j’ai per­du des gens que j’aimais, qui étaient des per­sonnes adop­tées et qui sont mortes à cause de l’adoption. Pour moi, c’est très inté­res­sant de le par­ta­ger parce que ça peut ser­vir aux plus jeunes, aux gens autour de moi. Ce n’est pas juste parce que je veux racon­ter ma vie ! (rires) Je sou­haite que des per­sonnes qui sont fra­giles actuel­le­ment se rendent compte que si on peut pas­ser par des phases de vul­né­ra­bi­li­té, on peut, à d’autres moments de sa vie se sen­tir assez solide pour racon­ter son his­toire, fon­der sa réflexion, son action poli­tique sur son parcours.

Concernant l’adoption et ce concept de « repolitisation », il s’agit aussi pour vous de repenser ce que veut dire une famille, des parents, des enfants et la place qu’on leur laisse. Est-ce que c’est quelque chose sur lequel vous avez buté ? Avez-vous eu une difficulté à aborder des sujets à priori privés et de les mettre sur la place publique ?

Il y a un moment de poli­ti­sa­tion de la famille très impor­tant dans les années 1960 – 70. Il a même sus­ci­té un cer­tain nombre de cours dans les uni­ver­si­tés. L’enjeu, c’était de per­mettre aux femmes cis, et par­ti­cu­liè­re­ment celles des pays occi­den­taux, de ne pas être can­ton­nées à la fonc­tion repro­duc­tive, à la fonc­tion du tra­vail domes­tique et aux soins des enfants. Mais on va fina­le­ment abou­tir à ce que la poli­ti­sa­tion de la famille comme ins­ti­tu­tion redis­pa­raisse. Je prends des rac­cour­cis mais beau­coup de ces fémi­nistes ont eu ensuite des enfants et ont construit des familles. On a tel­le­ment vou­lu ne pas être limi­tées au tra­vail repro­duc­tif et au tra­vail domes­tique qu’on a fait comme si on en avait été extraites. Or, en dehors de quelques les­biennes radi­cales et de quelques fémi­nistes qui ne vou­laient pas avoir d’enfant, ce n’est pas ce qu’il s’est pas­sé. C’est très inté­res­sant de s’apercevoir que nous évo­luons dans une ins­ti­tu­tion créée et com­plè­te­ment for­mée par le patriar­cat, par le capi­ta­lisme et, dans le cas de l’adoption, for­mée par le racisme et la supré­ma­tie blanche. On n’y a qua­si­ment pas touché.

Toutes ces ques­tions sont en train de réémer­ger aujourd’hui. On assiste ain­si à la repo­li­ti­sa­tion de la famille, son retour dans l’espace public avec des thé­ma­tiques comme la charge men­tale ou la ques­tion de l’inceste. On redé­couvre que l’inceste est la pre­mière vio­lence sexuelle, qu’elle a été vécue chez nombre d’enfants, tous genres confon­dus, et que c’est peut-être là que se loge la racine du patriar­cat. En fait les pre­mières fémi­nistes, en par­ti­cu­lier celles qui tra­vaillaient à décons­truire les théo­ries de Freud, avaient signé les pre­miers tra­vaux sur le sujet dès les années 80… Or, il n’y a qua­si pas eu de tra­duc­tion concrète de toutes ces réflexions extrê­me­ment riches et inté­res­santes issues des milieux fémi­nistes radi­caux les­biens des années 70 et 80. Ces réflexions n’ont pas tou­ché le grand public et on se retrouve donc 30 ou 40 ans plus tard à nou­veau face à tous ces pro­blèmes-là pour­tant déjà iden­ti­fiés depuis longtemps.

Ce qui m’intéresse dans le ciné­ma et main­te­nant avec le livre, c’est donc, en par­tant à chaque fois de récit per­son­nel, de pou­voir appor­ter une réflexion sur notre façon d’exprimer la théo­rie et de pou­voir la trans­mettre au grand public. Car j’ai l’impression que si l’on n’est pas dans des milieux mili­tants très spé­ci­fiques, maté­ria­listes, queer, raci­sés, il est par­fois dif­fi­cile d’avoir accès à tout ce que j’aborde dans le livre. J’espère donc que ça va ame­ner plein de per­sonnes qui sont peut-être déjà en réflexion ou non sur ces sujets, à se dire : « c’est quoi tous ces gens qu’elle cite, tous ces pod­casts, tout ce qu’il y a là-dedans ? ». Je sou­haite que ça crée la curio­si­té pour que ces idées se diffusent.

Une fois que les idées se diffusent, comment envisagez-vous les transformations sociales et depuis « Ouvrir la voix », est-ce que vous constatez des changements dans les sujets que vous traitez ?

Dans le monde de l’adoption, la ques­tion com­mence à être visible et la trans­for­ma­tion est déjà lar­ge­ment amor­cée. Elle a com­men­cé autour des années 70 – 80 avec les pre­mières mobi­li­sa­tions de per­sonnes nées sous X. C’est grâce à ces com­bats que la loi a chan­gé une pre­mière fois, en 2002 en France, en créant le Conseil natio­nal d’accès aux ori­gines per­son­nelles. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai pu deman­der à voir mon dos­sier et qu’une recherche de ma mère de nais­sance a pu être lan­cée. Donc je m’inscris déjà dans une his­toire mili­tante des per­sonnes adop­tées. « Racines coréennes » la pre­mière asso­cia­tion s’est créée en 1975, « La Voix des adop­tés », date de 2004. J’ai été secré­taire de « L’Hybridé » quand j’étais à Mont­réal, une asso­cia­tion de per­sonnes qui sont adop­tées au Qué­bec. J’interviens très régu­liè­re­ment sur ces ques­tions comme dans cette grande ren­contre orga­ni­sée par l’Association Euro­péenne de Psy­chia­trie de l’Enfant et de l’Adolescent. J’ai créé une asso­cia­tion en 2018. Je fais des choses dans plu­sieurs milieux. On com­mence à réa­li­ser qu’il y a des adopté·es par­tout, nous sommes visibles sur les réseaux sociaux, il y a des films et des livres qui sortent sur ce thème : on est main­te­nant à la table des dis­cus­sions. Il s’agit à pré­sent de créer des rap­ports de force, de se faire entendre et de deve­nir incon­tour­nable. Il faut arri­ver à faire en sorte que quand les professionnel·les en san­té men­tale ou les ins­ti­tu­tions qui encadrent l’adoption en parlent, ces dis­cus­sions n’aient plus lieu sans les per­sonnes adoptées.

Là où c’est plus com­pli­qué, c’est sur les ques­tions raciales et de genre. Cela touche beau­coup plus de monde. Dans ces domaines, on s’attaque à deux gros sys­tèmes : la supré­ma­tie blanche et le patriar­cat. Et là, on est plu­tôt dans des phases avan­cées d’un clash. Mais dans le domaine de l’adoption, l’opportunité c’est que ça touche à la famille. Donc même si le dis­cours gratte et dérange poli­ti­que­ment, on est quand même sur un registre où les per­sonnes à qui on parle, sou­vent, sont des parents adop­tants. Et même si ça les heurte, ils pré­fèrent savoir ce qui se passe dans la tête des adopté·es plu­tôt que de ne rien com­prendre. Du coup, les choses bougent beau­coup plus rapi­de­ment : il y a une impli­ca­tion très per­son­nelle. Car l’amélioration de la pra­tique, et donc du bien-être des per­sonnes adop­tées, à terme, c’est aus­si celle des familles ou des gens qui sont impli­qués dans ces ins­ti­tu­tions. L’impact est beau­coup plus direct. C’est beau­coup plus rapide que si vous êtes un homme blanc, cis, hété­ro­sexuel à qui on explique que la des­truc­tion du patriar­cat, en fait, ça vous don­ne­ra accès à une vie beau­coup plus riche parce que vous serez doté d’empathie, que vous allez vous occu­per de vos enfants, que ça va être super même si vous gagne­rez moins d’argent etc. Vous aurez cer­tai­ne­ment du mal à com­prendre tout ça et ça ne sera pas un beau len­de­main qui chante !

Une histoire à soi (Les films du Losange, 2021)

Une poupée en chocolat (La Découverte, 2021)

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