La langue des ouvriers de la sidérurgie

Photo : Pierre Machiroux

Chaque métier implique son jar­gon. Celui de la sidé­rur­gie est très riche. Mais que signi­fient enle­ver la barbe, vider le loup ou encore pra­ti­quer la sucette ?

« Nous allons régu­liè­re­ment près de la cha­pelle voir l’é­tat du pla­card.

Il y a un homme mort à l’in­té­rieur du haut-fourneau.

Nous tra­vaillons soit avec la pince ou avec le moufle.

Nous enle­vons les barbes qui s’ac­cu­mulent sur les hanches.

Sur un haut-four­neau, il y a aus­si une cuillère et deux sortes de cham­pi­gnons.

Nous pra­ti­quons par­fois la sucette pour voir sur­gir une mul­ti­tude de mous­tiques et les petits sol­dats.

Nous sur­veillons aus­si la pro­pre­té de l’en­ton­noir, nous fai­sons une belle bon­nette pour vider le siphon, en pre­nant bien garde de ne pas pro­vo­quer un bou­lage.

Et dans le pire des cas, on doit aus­si vider le loup. »

Lexique :

La cha­pelle : Elle se situe autour du trou de coulée.

Le pla­card : Zone du trou de coulée.

L’homme mort : Zone à l’in­té­rieur du haut-fourneau.

La pince : Elle est uti­li­sée sur la per­fo­ra­trice quand on enfonce et retire une barre dans le trou de coulée.

Le moufle : Le moufle est uti­li­sé sur la per­fo­ra­trice, quand on fore dans le trou de coulée.

Les barbes : Les barbes sont une accu­mu­la­tion de fonte et de lai­tier refroi­dit, qui s’ac­cu­mule de chaque coté de la route de coulée.

Les hanches : Les hanches sont les bords de la routes de cou­lée (hanche gauche et hanche droite)

La cuillère : la cuillères se situe sous le gueu­lard , dans le haut-four­neau (HF) en tour­nant, elle répar­tit les matière (agglo & coke ) en couches suc­ces­sives dans le HF

Les cham­pi­gnons : Il y en a un dans le silo à pous­sières de gaz (c’est le cham­pi­gnon qui per­met l’ex­trac­tion des pous­sières). L’autre cham­pi­gnon, c’est l’ac­cu­mu­la­tion de masse de bou­chage, qui se forme dans le HF der­rière le trou de coulée.

La sucette : On fait une sucette quand le HF ne coule pas bien. Cela consiste à mettre la machine à bou­cher sur le trou de cou­lée et
à injec­ter quelques litres de masse de bou­chage. Alors on retire la machine à bou­cher immé­dia­te­ment, ce qui pro­voque un effet de succion.

Les mous­tiques : Etin­celles de matière en fusion qu’on voit au débou­chage ou au bouchage.

Les petits sol­dats : Quand le HF ne va pas bien (quand la fonte est froide — de 1400 degrés). C’est un phé­no­mène qu’on peut voir autour du jet qui sort du trou de coulée.

L’en­ton­noir : Pièce de la perforatrice

Une bon­nette : Faire une belle bon­nette, c’est per­cer un trou d’un beau dia­mètre quand on vide la route de cou­lée. Une belle bon­nette per­met une bonne vidange de la route de coulée.

Le siphon : Le trou du siphon, par lequel on vide la route de coulée.

Un bou­lage : C’est un phé­no­mène qui se pro­duit quand la fonte en fusion entre en contact avec du sable humide (ça explose !)

Le loup : Quand on arrête un HF pour plu­sieurs semaines, on doit vider la cuve (c’est la des­cente de charge). Quand plus rien ne sort par le trou de cou­lée, le HF est mis à l’ar­rêt. La vidange du loup consiste à vider le creu­set de la fonte qu’il contient encore.

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