La punk attitude des Kids

Photo : André Delier

Ludo Mari­man, le chan­teur-com­po­si­teur anver­sois du groupe « The Kids » a été une figure impor­tante de la scène bel­go-punk en 1976. Chan­sons enga­gées, pro­vo­ca­trices sur fond de crise à l’emploi furent un réper­toire pré­cieux pour les « No future » de l’époque. Déci­bels et pogo­dance voya­geaient allè­gre­ment dans les endroits bran­chés de Bruxelles, Liège, Char­le­roi sans oublier la Flandre. Depuis 1996, le groupe s’est recom­po­sé et redé­couvre le plai­sir de jouer ensemble de New-York à Tokyo. Ludo, âgé de 57 ans aujourd’hui, n’a rien per­du de son enthou­siasme et de son punch. Rencontre.

Où et comment avez-vous démarré dans la musique ?

À 18 ans, j’étais à l’armée et je cares­sais l’espoir de deve­nir un grand foot­bal­leur. Mais un soir, j’ai vu des mili­taires qui jouaient de la gui­tare et l’envie m’est venue. Dès que j’ai su jouer trois cordes, je me suis mis tout de suite à com­po­ser des mélo­dies. Je me ren­dais sou­vent à Londres pour voir des concerts. J’y ai vu les débuts du punk-rock, en 76. Je n’avais jamais vu ça ailleurs, c’était très simple mais éner­gique. En 1976, j’avais 22 ans nous for­mions un groupe. Très vite, nous nous sommes pro­duits en concert, on jouait des reprises des Ramones et quelques com­pos. Nous jouions en pre­mière par­tie de Pat­ti Smith ou The Buzz­cocks. Notre bas­siste avait tout juste 12 ans, il était hyper doué. Son jeune âge nous posait des pro­blèmes, on ne vou­lait pas le lais­ser ren­trer sur les lieux de concert, on ne croyait pas qu’il fai­sait par­tie du groupe…

Nos mes­sages n’étaient pas poli­tique, c’était sim­ple­ment rendre compte de l’establishment, de dénon­cer la crise… Ces sujets sont tou­jours d’actualité. Aujourd’hui la crise à l’emploi est tou­jours bien pré­sente. En 1978, nous chan­tions « I wan­na get a job in the city ». Pas de futur, un uni­vers bou­ché, le chô­mage grimpe encore : nous en sommes encore là !

Quels étaient vos rapports avec le public ?

En géné­ral, ils étaient très éton­nés. À l’époque, la plu­part des groupes jouaient du blues et por­taient des che­veux longs. Leurs mor­ceaux étaient géné­ra­le­ment d’une lon­gueur extrême. Après 5 ou 6 concerts, nous sommes très vite pas­sés à l’enregistrement, en 1976 et en 1978 nous avons signé chez Phi­lips. Ensuite tout s’est embal­lé rapi­de­ment. Nous jouions sou­vent en Wal­lo­nie, plus qu’en Flandre d’ailleurs. À Char­le­roi et Liège, le punk était bien accueilli, dans des villes à carac­tère social et ouvrier comme celles-là, quoi de plus nor­mal. En Alle­magne de l’Est ou de l’Ouest, ce n’était pas tout à fait pareil, c’était beau­coup plus fana­tique. J’ai joué avec Plas­tic Ber­trand et Chel­sea, un groupe anglais. Dans les années qui sui­virent je suis res­té punk. Dans les années 80, j’étais une vedette, on me disait génial. Par la suite entre 1986 et 1996, ce fut la chute. J’ai joué en solo, des années galères. À New York, nous avons réa­li­sé un DVD, les jeunes de 18 à 20 ans pour la plu­part connaissent toutes nos chan­sons. C’est déjà la troi­sième géné­ra­tion suc­ces­sive. En Flandre, notre public reste jeune et per­son­nel­le­ment je trouve que c’est impor­tant. Cela me ras­sure de savoir que je ne joue pas que pour des nos­tal­giques, les jeunes appré­cient notre musique. On redé­couvre tou­jours The Kids.

Qu’est ce que tu penses des punks à l’heure actuelle ?

Il y a tou­jours une place pour les punks. Quand il y a des crises, il y a des gens qui n’ont pas la pos­si­bi­li­té de s’élever, il existe tou­jours des gens qui veulent chan­ger, et suivre une autre voie. Il y a tou­jours des gens qui veulent vivre d’une autre manière. Moi par exemple, je ne suis pas maté­ria­liste, je ne veux pas une jaguar, ni une rolex. Si tu désires ces objets de luxe, il faut tra­vailler pour les obte­nir. Moi, je tra­vaille pour jouer de la musique, c’est la chose la plus impor­tante qui soi. Nous sommes peut-être le seul groupe fla­mand qui ne s’est jamais pro­duit sur la scène du Werch­ter par choix. Ce serait trop l’engrenage du star sys­tem à notre goût !

The Kids se sont reformés en 1996 ?

Des Pari­siens s’intéressaient à nous. Ils avaient gran­dis avec la musique punk et sou­hai­taient que nous enre­gis­trions aux États-Unis, des contacts avaient été pris. J’ai alors retrou­vé des mor­ceaux du pre­mier album, il y en avait 13 mor­ceaux, et un DVD d’un concert de 78, ils ont tout de suite étaient embal­lés. Nous nous sommes refor­més à 4, et nous avons signé un contrat d’un an pour par­tir en tour­née. Nous avons dû cher­cher un autre bas­siste, celui de l’époque ne pou­vait plus assu­rer les tour­nées. Nous avons refon­dé le groupe avec le bat­teur du groupe belge « The Scabs ». Main­te­nant cela fait 16 ans que nous conti­nuons à nous pro­duire sur tous les continents.

Quels sont tes futurs projets ?

Mon but est de conti­nuer à jouer, beau­coup de concerts pré­vus, l’agenda est rem­pli pour toute l’année, pas moins de 30 concerts. Pour ma part, l’important c’est d’avoir un groupe, de s‘amuser, je ne suis pas un oiseau que l’on enferme dans une cage dorée !

Tu as 57 ans aujourd’hui, tout va donc pour le mieux ?

Oui, j’ai tout ce que je veux. Ma femme va avoir un bébé en décembre… Le bonheur.

Je me suis tou­jours amu­sé dans la vie et de la vie !

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