Les pentes glissantes de la guerre

Illustration : Fanny Monier

Le constat n’est pas récent, mais le 24 février 2022 lui a don­né une tour­nure nou­velle : nous ne vivons pas la guerre, mais nous ne sommes pas en paix. L’invasion de l’Ukraine par la Rus­sie a déclen­ché, ici à l’Ouest de l’Europe, un intense enche­vê­tre­ment d’affects : choc et sidé­ra­tion face à une guerre qui éclate sur le conti­nent euro­péen ; peur devant la pos­si­bi­li­té d’une esca­lade ; sen­ti­ments de soli­da­ri­té envers les Ukrai­niens ; angoisse sourde sus­ci­tée par la réap­pa­ri­tion de la menace d’une guerre nucléaire sur notre scène géo­po­li­tique. Aux pre­mières semaines de la guerre, une grande exci­ta­tion était éga­le­ment pal­pable, une atmo­sphère de sur­vol­tage, ryth­mée par l’emballement média­tique et les appels poli­tiques à la mobi­li­sa­tion. Dans le même temps, nous n’en demeu­rons pas moins à une cer­taine dis­tance de la guerre, phy­si­que­ment et affec­ti­ve­ment, à l’abri de ses vio­lences, et priant pour le rester.

Cette manière à double tran­chant d’être affec­tés par la guerre en Ukraine, en y étant inten­sé­ment inves­tis tout en res­tant à dis­tance, est nouée aux moda­li­tés sous les­quelles nos États se sont acti­ve­ment enga­gés dans le conflit. Les États membres de l’OTAN mul­ti­plient en effet les manières de s’impliquer dans cette guerre le plus pos­sible, tout en cher­chant à main­te­nir la dis­tance. Les livrai­sons mas­sives d’armements à l’armée ukrai­nienne se doublent de toute une série de dis­cus­sions quant au choix du type d’armes à four­nir, les arme­ments lourds aug­men­tant le risque de riposte par la Rus­sie. Les mili­taires de l’OTAN n’opèrent pas direc­te­ment sur les zones de com­bat, mais sont déployés en force aux fron­tières de l’Ukraine. Et la manière même dont ils nomment leur enga­ge­ment est prise dans ce rap­port double, bifide, dési­gnant la Rus­sie comme enne­mi tout en évi­tant de se dire en guerre contre elle. Souf­fler en per­ma­nence le chaud et le froid, telle est la dyna­mique périlleuse dans laquelle nous nous trou­vons embar­qués, et qui semble si dif­fi­cile à désa­mor­cer ou à démon­ter. Rétré­cir l’engagement implique de limi­ter le sou­tien aux Ukrai­niens qui défendent leur ter­ri­toire contre une guerre d’invasion ; négli­ger la dis­tance ouvre à une esca­lade du conflit entre l’OTAN et la Rus­sie. On ne peut ici, pour com­men­cer, que prendre acte d’une telle impasse. Aucune voie n’équivaut une autre, mais il n’y a pas d’issue glo­rieuse : pas de reven­di­ca­tion de retrait qui puisse être inno­cente ; pas de sou­tien qui puisse être inno­cent. Aucune posi­tion qui puisse sim­ple­ment s’extraire des dyna­miques de la guerre.

Nos affects se retrouvent acti­ve­ment recru­tés dans ces dyna­miques et dans leurs impasses, et cette situa­tion mérite toute notre atten­tion. Si on ne peut sim­ple­ment s’en extraire, on peut cepen­dant culti­ver la plus grande vigi­lance face aux manières dont nous nous retrou­vons acti­ve­ment embar­qués de part et d’autre de ces pentes de la guerre.

ENTRE MOBILISATION INTENSE

Une pre­mière pente, donc : la mobi­li­sa­tion intense dans cette guerre, « à chaud ». Le déclen­che­ment de la guerre a sus­ci­té, à l’Ouest de l’Europe, le sen­ti­ment d’être extrê­me­ment dému­nis face à ce qui a lar­ge­ment été pré­sen­té et vécu comme un « retour du spectre de la guerre ». Cepen­dant, tout l’emballement qui s’en est sui­vi montre avec quelle vitesse et effi­ca­ci­té des affects et réflexes issus d’une longue his­toire euro­péenne de la mobi­li­sa­tion guer­rière peuvent être réac­ti­vés. Pas si dému­nis que cela donc. En témoigne la rapi­di­té sai­sis­sante avec laquelle cette guerre a déclen­ché tout un engoue­ment poli­tique, média­tique, et des sec­teurs indus­triels et finan­ciers pour enfin refi­nan­cer les armées (en Alle­magne, en France, en Bel­gique…). Un engoue­ment qui s’est tra­duit par la relance mas­sive des bud­gets alloués à la défense. Dans le même temps, les dis­cours poli­tiques et jour­na­lis­tiques nous annon­çaient que « nous vivions un véri­table tour­nant », que « nous entrions dans une ère nou­velle » où « rien ne serait plus comme avant »1. Ces réac­tions en chaine montrent à quel point nos socié­tés res­tent outillées pour la mobi­li­sa­tion guer­rière. Sa logique imprègne jusqu’aux mesures les plus sou­hai­tables, telles que l’organisation de l’accueil des réfu­giés ukrai­niens. Beau­coup ont sou­le­vé le prisme racial à l’œuvre dans le choix d’organiser à grande échelle l’accueil des réfu­giés d’Ukraine, de la part d’États qui mènent simul­ta­né­ment des poli­tiques radi­cales de non-accueil pour les res­sor­tis­sants des pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Il faut ajou­ter à ce prisme racial que ces poli­tiques à deux vitesses pro­longent des manières dif­fé­rentes d’être enga­gés dans la guerre. Là où leurs enga­ge­ments en Syrie, au Mali, en Afgha­nis­tan ou encore par exemple au Yémen (où les Hou­tis sont com­bat­tus par l’Arabie saou­dite avec des armes belges, alle­mandes, fran­çaises…) consistent à s’impliquer dans la guerre tout en assu­mant le moins de res­pon­sa­bi­li­tés pos­sible face aux effets qu’elle entraine, l’accueil des réfu­giés ukrai­niens s’inscrit dans une poli­tique de mobi­li­sa­tion active qui se pro­longe sur notre propre sol. Cela n’annule en rien tous les efforts de soli­da­ri­té, la valeur et le besoin de ces efforts, mais sur un mode qui témoigne en même temps de notre ins­crip­tion dans la guerre. Même les gestes les plus justes ne peuvent, dans un tel contexte, être dits purs de toute forme de recrutement.

ET MISE À DISTANCE

À cette dyna­mique de la mobi­li­sa­tion se noue une deuxième pente : l’engagement dans la guerre sur un mode qui vise à la tenir, en même temps, à dis­tance. En ce sens, la guerre en Ukraine est loin de mar­quer une pure et simple rup­ture avec les décen­nies de paix armée euro­péenne qui ont pré­cé­dé : nous assis­tons en même temps à une réar­ti­cu­la­tion de cette der­nière. Les mesures éco­no­miques prises par les pays membres de l’OTAN à l’encontre de la Rus­sie sont, à ce titre, carac­té­ris­tiques d’une manière de faire la guerre tout en se don­nant les moyens de dire qu’on ne la fait pas tout à fait, donc en la main­te­nant à une cer­taine dis­tance. Ce main­tien de la dis­tance en passe éga­le­ment par des pra­tiques lan­ga­gières. Ain­si, le fait de par­ler de « sanc­tions éco­no­miques », plu­tôt que de « guerre éco­no­mique »2. Cet évi­te­ment du nom de « guerre » nous donne faci­le­ment le sen­ti­ment d’une moindre vio­lence. Pour­tant ces mesures ne sont pas une manière d’atténuer l’engagement guer­rier, elles sont au contraire une manière de le mettre en œuvre, escomp­tant un impact lourd sur la socié­té russe, popu­la­tions en pre­mière ligne. Face à cela, il pour­rait être ten­tant d’enjoindre à « dési­gner au moins les choses par leur nom ». Mais nom­mer la guerre, tout comme ne pas la nom­mer, a des effets puis­sants et lourds de consé­quences, et on sent aus­si­tôt la pente sur laquelle glis­se­rait en retour une telle injonc­tion. Lorsque Bru­no Le Maire, le ministre fran­çais de l’Économie et des Finances, se reven­di­quait dans un dis­cours public d’« une guerre éco­no­mique et finan­cière totale livrée à la Rus­sie »3, il est évident qu’il fai­sait tout autre chose que de « nom­mer sim­ple­ment » ce qui avait déjà cours : il pré­ci­pi­tait le lan­gage de la guerre sur une pente d’autant plus glis­sante. Face à la réac­tion de la Rus­sie, mena­çant la France de repré­sailles, Le Maire a dû rétro­pé­da­ler rapi­de­ment, affir­mant qu’il s’agissait d’un lapsus.

GUERRE NUCLÉAIRE : EN PARLER PLUS OU MOINS ?

C’est peut-être face à la réap­pa­ri­tion de la menace de guerre nucléaire – dans ses accents à la fois de cau­che­mar apo­ca­lyp­tique et de guerre froide, latente, dif­fuse – que nos ter­ri­toires affec­tifs, leurs enche­vê­tre­ments d’emballement et de mise à dis­tance, se retrouvent le plus étroi­te­ment noués à ces deux pentes de la guerre, et aux dif­fi­cul­tés de s’en extraire. Notons pour com­men­cer la dif­fi­cul­té qui sur­git dès qu’on tente de décrire nos rap­ports actuels à cette menace. La peur qu’une telle menace sus­cite est-elle ren­due trop pré­sente, par­ti­ci­pant à lui don­ner consis­tance ? Ou est-elle trop absente, par­ti­ci­pant à mini­mi­ser ce qui au contraire devrait requé­rir toute notre atten­tion ? Faut-il s’inquiéter de ce que les médias en parlent trop, ou de ce qu’ils n’en parlent pas assez ? Il me semble que les deux sont vrais à la fois, et que c’est cela, jus­te­ment, l’inscription sur cette double pente mena­çante : elle passe tant par l’effroi que cette pos­si­bi­li­té sus­cite que par sa mini­mi­sa­tion. Plus cette pos­si­bi­li­té est dédra­ma­ti­sée, moins nous sen­tons la menace qui guette, et plus nous sem­blons impuis­sants face à elle. Mais plus cette pos­si­bi­li­té est prise au sérieux, plus elle risque de gagner en effectivité.

D’un côté en effet, mini­mi­ser la menace de des­truc­tion fait par­tie des logiques de « l’équilibre de la ter­reur », ce par quoi on pré­tend légi­ti­mer la déten­tion d’armes nucléaires de des­truc­tion mas­sive : vu l’ampleur dévas­ta­trice des des­truc­tions mutuelles que leur uti­li­sa­tion pro­vo­que­rait, celles-ci res­te­raient essen­tiel­le­ment dis­sua­sives, et il y aurait donc peu de rai­son de craindre réel­le­ment une attaque. Dans leur livre « Des femmes contre des mis­siles : Rêves, idées et actions à Green­ham Com­mon », les acti­vistes Alice Cook et Gwyn Kirk reve­naient sur tout l’effort de lan­gage, déployé par le gou­ver­ne­ment anglais et les médias au cours des années 1980, en pleine esca­lade de la guerre froide, pour « ratio­na­li­ser » une telle menace et dis­qua­li­fier les sen­sa­tions de peur et de colère4. Elles y décryptent des opé­ra­tions de pou­voir qui séparent les gens de leurs propres affects, dis­cré­ditent le pres­sen­ti­ment qu’ils ont des dévas­ta­tions qui guettent, des cau­che­mars que celles-ci sus­citent, et étouffent l’énergie pour y résis­ter que ces affects d’effroi peuvent susciter.

Dans le même temps, il faut, tout aus­si bien, ralen­tir face à des injonc­tions trop rapides à « rendre plus visible » la pos­si­bi­li­té d’une guerre nucléaire, à la rendre « sans cesse pré­sente devant nos yeux dans l’éclat de sa menace et de sa fas­ci­na­tion » comme le vou­lait le phi­lo­sophe Gün­ther Anders5. Sans grande atten­tion et vigi­lance, de telles injonc­tions peuvent en effet bas­cu­ler à leur tour sur les pentes glis­santes de la guerre. Car rendre « la plus pré­sente » et donc aus­si « la plus visible pos­sible » la pos­si­bi­li­té d’une attaque nucléaire fait, là aus­si, par­tie des dyna­miques bifides de la dis­sua­sion. Comme l’écrit le phi­lo­sophe Brian Mas­su­mi, celles-ci impliquent en effet de conver­tir la menace latente en clair et pré­sent dan­ger. Donc : « si votre voi­sin a une bombe nucléaire, vous construi­sez l’armement nucléaire qui vous ren­drait éga­le­ment capable de l’annihiler, même au prix de vous anni­hi­ler vous-mêmes […]. La menace immi­nente est alors si immi­nente de chaque côté, […] que seul un fou ou un régime sui­ci­daire déci­de­rait jamais de bri­ser l’équilibre et de pres­ser le bou­ton »6. Une telle dyna­mique exige de réac­ti­ver sans cesse la menace, de la rendre pré­sente et de la per­for­mer : dis­sua­der l’ennemi d’attaquer en ali­men­tant le cli­mat guer­rier, son atmo­sphère de peur. Convo­quer à outrance la pos­si­bi­li­té d’une attaque nucléaire entraine un glis­se­ment actif, nour­rit une dyna­mique guer­rière qui invoque et attire le réel par le pos­sible7.

RÉSISTER AUX DYNAMIQUES INFERNALES

On ne peut sim­ple­ment s’extraire des pentes glis­santes de la guerre, mais on peut résis­ter à leurs dyna­miques infer­nales et à notre recru­te­ment par leurs injonc­tions. Cela n’en passe pas seule­ment par un recul cri­tique, mais aus­si par un tra­vail sur les affects. Un tel tra­vail requiert de se rendre atten­tives à ce par quoi les affects passent, à ce qui les ali­mente et ce qu’ils ali­mentent en retour. Que prennent-ils en compte ? Et qu’omettent-ils ? À quoi s’articulent-ils, et à quoi peuvent-ils être réar­ti­cu­lés ? Il s’agit alors de les entrai­ner vers d’autres manières de se rap­por­ter à la guerre – de s’en « rap­pro­cher » affec­ti­ve­ment, ou de « gar­der ses distances ».

Ces réar­ti­cu­la­tions affec­tives peuvent suivre des voies mul­tiples. Notam­ment en ce qui concerne le désir de sou­tien aux Ukrai­niens : cer­tai­ne­ment pas en aban­don­nant celui-ci, mais en l’articulant à la conscience concrète que les livrai­sons d’armes nous lient, de fait, aux très nom­breux morts par­mi les com­bat­tants russes. Qu’au-delà de tout cal­cul éthique et de toute jus­ti­fi­ca­tion poli­tique, il nous faut alors aus­si répondre de ces morts.

Par ailleurs, le sen­ti­ment d’un « retour du spectre de la guerre » a révé­lé toute la fra­gi­li­té de la « for­te­resse Europe », son ave­nir incer­tain et l’effondrement pro­gres­sif de sa place domi­nante sur la scène géo­po­li­tique mon­diale. La mobi­li­sa­tion guer­rière à outrance est aus­si une fuite en avant : se fra­gi­li­ser et s’exposer d’autant plus dans l’effort pour se blin­der au maxi­mum, pour se rendre invul­né­rable. Frei­ner cette pente en passe par la recon­nais­sance que le bateau fuit bel et bien de par­tout, et qu’aucune poli­tique guer­rière ne le ren­dra plus étanche. C’est ici notre vul­né­ra­bi­li­té qui demande à être réar­ti­cu­lée et à trou­ver sa place dans un monde où la pré­ca­ri­té est, non pas l’exception, mais la norme8.

La sur­mi­li­ta­ri­sa­tion des fron­tières est une des manières par les­quelles l’espace euro­péen cherche à se blin­der, à se rendre étanche, face à celles et ceux qui fuient des vio­lences aux­quelles il est pour­tant acti­ve­ment relié. Toute l’organisation de l’accueil des réfu­giés d’Ukraine est là aus­si l’occasion d’une réar­ti­cu­la­tion : résis­ter à la cap­ture dans les affects de la mobi­li­sa­tion guer­rière implique, comme beau­coup l’ont déjà défen­du, de refu­ser la répar­ti­tion entre celles et ceux qu’on accueille comme les nôtres et celles et ceux qu’on refoule.

L’angoisse elle aus­si peut prendre des voies plus com­plexes et plus denses, plus vigi­lantes. On peut ici cher­cher à héri­ter des luttes anti­nu­cléaires menées, dans les années 1980, par les femmes du camp de la paix de Green­ham Com­mon : si les pou­voirs guer­riers se nour­rissent de nos peurs « face à la bombe », et peuvent l’entrainer dans des voies mor­ti­fères9, les femmes de Green­ham nous apprennent plu­tôt à culti­ver notre angoisse pour le monde10. Loin d’entrainer dans les rythmes et logiques de l’escalade, c’est une angoisse qui attise l’attachement pour les êtres, les ter­ri­toires et liens que la bombe menace de détruire, une angoisse qui noue au désir pour la paix.

  1. Notam­ment : le Chan­ce­lier alle­mand Olaf Scholz, « Après le tour­nant his­to­rique qu’a consti­tué l’attaque de Pou­tine contre l’Ukraine, rien ne sera plus comme avant », tri­bune dans Le Monde, publié le 22 juillet 2022 ; Jean-Pierre Stroo­bants, « Défense : la Com­mis­sion euro­péenne dévoile son pro­jet pour réar­mer le conti­nent », in Le Monde, publié le 18 mai 2022, [dis­po­nible en ligne] ; Hen­ri Kis­sin­ger, « We are now living in a total­ly new era », entre­tien avec Edward Luce, in Finan­cial Times, publié le 9 mai 2022.
  2. À ce sujet, voir Étienne Bali­bar, « Nous sommes dans la guerre », in AOC, paru le 5 juillet 2022.
  3. Inter­ven­tion de Bru­no Le Maire sur France Info, 1er mars 2022 ; voir à ce sujet Jen­ny Raflik, « Sommes-nous en guerre ? », in AOC, paru le 25 mars 2022.
  4. Alice Cook et Gwyn Kirk, Des femmes contre des mis­siles. Rêves, idées et actions à Green­ham Com­mon (1983), tra­duit de l’anglais par C. Potier, Cam­bou­ra­kis, 2016. Ce livre ras­semble des docu­ments issus du grand mou­ve­ment paci­fiste anti­nu­cléaire de femmes qui a mar­qué l’Angleterre dans les années 1980. Celles-ci sont par­ve­nues à occu­per et habi­ter les entours d’une base mili­taire du Burk­shire pen­dant une ving­taine d’années, pour y empê­cher l’installation de mis­siles nucléaires, occu­pa­tion connue sous le nom du camp de la paix de Green­ham Common.
  5. Gün­ther Anders, L’Obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révo­lu­tion indus­trielle (1956), tra­duit de l’allemand par C. David, Ivrea, 2002, p. 262.
  6. Brian Mas­su­mi, Onto­pou­voir. Guerre. Pou­voirs. Per­cep­tion (2015), tra­duit de l’anglais par T. Drumm, Les Presses du réel, 2021, p. 19.
  7. Sur le pos­sible comme ter­ri­toire ten­du de la guerre, voir Tho­mas Berns, La guerre des phi­lo­sophes, Presses Uni­ver­si­taires de France, 2019.
  8. Ce que Judith But­ler cher­chait déjà à pen­ser pour le contexte états-unien post-11 sep­tembre, dans son livre Ce qui fait une vie : essai sur la vio­lence, la guerre, le deuil, tra­duit de l’anglais par J. Marel­li, La Décou­verte, 2010.
  9. Je dois cette réflexion sur les mul­tiples voies de l’angoisse à Ava Jun­ça de Morais, « Affects de han­tise et de fas­ci­na­tion au sein de nos récits sur les tech­no­lo­gies. Un air apo­ca­lyp­tique – le futur effon­dré, le hors sol et l’hyper-néo-modernisme », texte rédi­gé dans le cadre de mon cours de Phi­lo­so­phie et éthique des rela­tions inter­na­tio­nales, ULB, 2022.
  10. Et je dois ce point-ci à Félix Rochaix, « Des femmes contre des mis­siles : sur les affects et la pro­duc­tion des espaces », ibid.

Déborah Brosteaux est docteure en philosophie. Elle travaille sur les affects guerriers de la modernité et fait partie du CREG (Centre de recherche sur l’expérience de guerre) de l’ULB. Elle a aussi codirigé l’ouvrage collectif « Traces de guerre », à paraitre aux Presses du réel en février 2023.

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