D’où te vient cette passion pour la peinture ?
À l’origine, cela doit remonter à mon enfance, cette période où l’on découvre tout du monde.
À cet âge, je représentais de façon compulsive les aventures des héros qui animaient mon quotidien, mon imagination était en grande partie alimentée par le cinéma. Je pouvais rester des heures durant à regarder les mêmes VHS tourner en boucle, c’était quasiment de l’ordre du rituel. En repensant au nombre de tiroirs remplis de dessins à la maison, je me demande si ce n’était pas un peu inquiétant (rires).
Pourquoi avoir choisi de peindre à la bombe et non au pinceau ?
À vrai dire, c’est la bombe qui s’est imposée d’elle-même. À l’époque, je sortais des secondaires, mes tentatives d’études supérieures se soldaient par des échecs, j’avais laissé le dessin de côté. J’avais pas mal de difficultés à accepter la vie qu’on me proposait, pas par vanité, c’est juste que je ne m’y retrouvais pas. En y repensant c’était une période inconfortable, j’avais le sentiment de ne m’accomplir en rien.
Et puis vint la rencontre de deux graffeurs, ce qui a bien vite réveillé ma passion première. Avec la bombe, j’avais la possibilité de m’exprimer sur de très grands formats, de côtoyer un autre milieu, c’était quelque chose de complètement nouveau pour moi, c’est peut-être ce dont j’avais le plus besoin.
Ton art a‑t-il, du moins en partie, une vocation à éveiller les consciences sociales ?
Je ne pense pas avoir cette prétention, du moins ce n’est pas uniquement dans ce sens que je souhaite orienter mon travail. En définissant mon art, j’ai le sentiment d’en poser les limites. Je préfère largement l’idée de découvrir l’interprétation que chacun se fait. Cela dit, je prends plaisir à mettre ma peinture au service d’associations, d’évènements ayant de pareilles vocations.
Te sens tu reconnu à travers une forme d’expression picturale , par exemple dans la rue , qui par ailleurs peut être critiquée lorsqu’elle est réalisée sauvagement ?
Le graffiti souffre malheureusement de beaucoup d’incompréhensions. C’est sans doute dû au fait que ses différents acteurs n’ont pas les mêmes motivations, mais c’est aussi selon moi ce qui fait sa plus grande richesse. Un mouvement artistique institutionnalisé n’a pas lieu d’être s’il veut pouvoir se réinventer. Pour répondre à ta question : je me sens reconnu lorsque quelqu’un accepte de briser les aprioris qu’il peut avoir vis-à-vis du graffiti et apprécie ma peinture pour ce qu’elle est. C’est une erreur que de juger la beauté d’une œuvre à sa forme d’expression.
Souhaites tu développer un art populaire comme alternative à la « grande peinture officielle », trop souvent réservée à des élites ?
Je souhaite clairement développer un art dans lequel chacun puisse se retrouver. Mais visiblement, la ville de Bruxelles préfère concéder ses murs aux publicitaires plutôt qu’aux artistes. Dès lors, il est difficile de proposer une alternative à des lieux d’exposition dits « privés », bien que des collectifs d’artistes comme « Propaganza » dont je fais partie, essayent de démarcher la ville dans ce sens. Le patrimoine de Bruxelles aurait tout à y gagner, à l’image de villes comme Berlin ou Lisbonne qui misent sur le street art.
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