Olivier Gourmet

Rester curieux des gens

Photo : Hélène Fraigneux

Dans son petit hôtel arden­nais, nous décou­vrons Oli­vier Gour­met tel que nous l’imaginions. L’acteur fétiche des frères Dar­denne est drôle, humble, aimant la sin­gu­la­ri­té, la curio­si­té et la com­pa­gnie des gens. Amou­reux autant de la culture artis­tique que de la culture du tra­vail, des voyages que des Ardennes, il revient sur son plai­sir de jouer, sur le ciné­ma et sur l’enseignement de la curio­si­té. Rencontre.

Auriez-vous pu ou pourriez-vous exercer un autre métier que celui d’acteur ?

Je tra­vaille­rais pro­ba­ble­ment dans une entre­prise de construc­tion. Je suis très bri­co­leur, j’ai tou­jours eu besoin de tra­vailler de mes mains. J’ai gran­di dans une ferme et dès l’enfance, j’ai com­men­cé à essayer de tout faire moi-même. La plu­part de mes amis sont ouvriers dans la construc­tion. Mon voi­sin est cou­vreur, mon meilleur ami est menui­sier, mon grand-père était menui­sier… Quand j’ai com­men­cé le conser­va­toire, j’ai conti­nué à tra­vailler avec mon père à la ferme, c’était obli­ga­toire. Puis, entre deux pro­jets de théâtre, j’allais bri­co­ler chez des amis qui ne savaient pas plan­ter un clou. Aujourd’hui, dès que je ne tourne pas, je me lance dans des pro­jets de construc­tion. Par exemple ache­ter une mai­son où il faut tout reta­per. J’ai tou­jours eu du plai­sir à cela depuis longtemps.

Dans les films des frères Dardenne comme Le Fils ou La Promesse, vous avez d’ailleurs souvent tenu des rôles où vous exerciez des métiers manuels.

Dans Le Fils, menui­sier, ce n’était pas par hasard. Les frères savaient que j’avais fait de la menui­se­rie et que je pou­vais me ser­vir d’une machine à bois, d’une rabo­teuse etc. C’est pour cela qu’ils ont choi­si cette pro­fes­sion-là pour mon rôle.

Vous vous occupez également d’un hôtel. Est-ce que c’est un besoin ou une nécessité pour vous en parallèle de votre activité d’acteur ?

L’hôtel pour moi ce n’est pas une néces­si­té ni un besoin. Tra­vailler manuel­le­ment oui, mais l’hôtel c’est sou­vent plus lourd qu’épanouissant parce que l’on gère tout. C’est mon épouse qui gère vrai­ment parce que moi, je suis par­ti presque huit mois par année. Quand j’y suis pour une longue période, deux ou trois mois cela m’amuse. Mais quand je suis en tour­nage et que je reviens un same­di matin et que je dois repar­tir le dimanche fin d’après-midi, je tombe tou­jours à un moment où l’hôtel est com­plet. Ce qui veut dire que cela empêche cer­taines choses au niveau fami­lial : à ce moment-là c’est lourd parce qu’on a envie de ren­trer, pas spé­cia­le­ment de voir des gens, pas spé­cia­le­ment de devoir tra­vailler à nouveau

Qu’est-ce qui vous a nourri en tant qu’acteur ?

De 0 à 20 ans, la seule culture que j’ai eue, c’est la culture du tra­vail ! [Rires]. J’ai ter­mi­né les Huma­ni­tés parce que j’avais des apti­tudes et que mes parents m’y ont obli­gé. J’ai sui­vi latin-grec, j’ai abor­dé cer­tains auteurs et cer­taines lec­tures à l’école. Mais j’étais for­cé et cela me fai­sait chier à mort ! J’ai détes­té l’école. Je ne m’y suis pas amu­sé, aucun prof ne m’a exci­té et ne m’a don­né l’envie d’étudier. Bon, j’étais pro­ba­ble­ment récal­ci­trant, je n’avais sûre­ment pas suf­fi­sam­ment de matu­ri­té. Je lisais parce qu’il fal­lait lire mais je n’en rete­nais rien. Je fai­sais tout juste ce qu’il y avait à faire.

Quand j’ai com­men­cé à faire du théâtre à l’école, au col­lège, je n’avais aucun regard sur le théâtre, la culture ou le ciné­ma. Ce qui m’amusait, c’était sim­ple­ment de faire l’idiot sur un pla­teau, de faire rire mes cama­rades et de me défou­ler phy­si­que­ment. C’était tout ce qui m’importait. C’est le plai­sir mon pre­mier car­bu­rant. Je le conserve encore aujourd’hui.

Puis, je suis arri­vé au Conser­va­toire à Liège vers 20 ans, une école enga­gée. Il y avait bien sûr le plai­sir de jouer mais aus­si beau­coup de prises de posi­tion sur la socié­té actuelle, un appren­tis­sage des auteurs qui ont eu ce regard cri­tique sur la socié­té, et un ques­tion­ne­ment sur la manière de sen­si­bi­li­ser les gens avec telle pièce sur tel ou tel sujet. Il y avait un vrai rap­port vis-à-vis de la socié­té, une vraie étude et ana­lyse via la scène. Ce sont eux qui m’ont fait prendre conscience de cela.

En est né tout le plai­sir d’émotion, à la lec­ture des scé­na­rios, d’être tou­ché par tel per­son­nage parce qu’il a un écho dans la vie d’aujourd’hui et d’être pro­fon­dé­ment ému par cela. Et je me suis ren­du compte que plus j’étais ému plus cela me don­nait une véri­table rai­son de les incar­ner. Et au tra­vers de cela, qu’on pou­vait sen­si­bi­li­ser les gens, les faire réflé­chir, afin qu’ils sortent d’un film ou d’une pièce de théâtre en se posant quelques questions.

Ma chance, cela a été aus­si de ren­con­trer les bonnes per­sonnes et les bons ensei­gnants, ceux qui vous révèlent à vous-même et à ce que vous aviez en vous. À ce que vous n’aviez pas été cher­cher vous-même par paresse, par manque de matu­ri­té ou de curio­si­té. Parce que je vivais à la ferme, on tra­vaillait la terre, on soi­gnait les bêtes. J’étais riche de plein de choses que je conti­nue à faire aujourd’hui. Mes parents m’ont don­né cette culture-là. Mais ils n’allaient pas au théâtre, au ciné­ma, ne regar­daient pas la télé. Quand je suis arri­vé à Liège, je me suis mis à aller tous les jours au ciné­ma, à louer des films et à dis­cu­ter ciné­ma et théâtre avec les gens.

Et au niveau du jeu d’acteur ?

Par ma for­ma­tion, j’ai com­pris l’importance du corps, d’être tra­ver­sé par l’émotion avant de prendre la parole, par quelque chose qui résonne en vous. En Bel­gique, on met davan­tage l’accent sur la for­ma­tion cor­po­relle, sur l’importance du corps, dans le fait d’incarner un personnage.

Il y a eu aus­si une vraie influence du ciné­ma amé­ri­cain, du jeu d’acteur amé­ri­cain de l’Actor’s Stu­dio. Des gens comme De Niro dans Taxi Dri­ver, ou Raging Bull, où ils vivent vrai­ment le per­son­nage, où ils dis­pa­raissent eux-mêmes de leur image de star pour être le per­son­nage. Ou le ciné­ma anglais. C’est tout de suite cela qui m’a influen­cé, qui m’a touché.

Quel est le rôle que vous avez eu le plus de plaisir à interpréter ?

Celui pour qui j’ai eu le plus de plai­sir peut être quelqu’un de très dif­fé­rent de moi. Celui pour lequel j’ai eu le plus de plai­sir c’est L’exercice de l’État même s’il est très loin de moi. Ce per­son­nage poli­tique était magni­fi­que­ment écrit, il tra­ver­sait énor­mé­ment d’émotions dif­fé­rentes selon les moments du film, c’est un per­son­nage haut en cou­leurs. J’ai aus­si ado­ré faire le per­son­nage du Fils. Sur le fond, sur l’intériorité, c’est le rôle où je suis allé le plus loin en moi. Mais c’est un per­son­nage plus mono­chrome, plus ren­fer­mé sur lui-même. Il a moins d’éclat et moins de palette d’humeur. C’est un homme qui a per­du de fils et qui n’a pra­ti­que­ment plus qu’une seule humeur.

Vous ne jouez pas totalement le jeu de la vedette de cinéma. Vous êtes assez discret dans les médias, pas spécialement un people, c’est possible de poursuivre une carrière sans suivre ce jeu-là ?

C’est plu­tôt dif­fi­cile mais c’est pos­sible. Disons que j’ai tou­jours eu une bonne étoile, j’ai assis une cer­taine noto­rié­té et ‑sans pré­ten­tion- une cer­taine qua­li­té de tra­vail auprès des réa­li­sa­teurs et pro­duc­teurs, ce qui m’a per­mis de conti­nuer. Cela veut dire que c’est pos­sible autrement.

On m’a pro­po­sé plu­sieurs fois des rôles sur des films plus « grand public ». En géné­ral à la lec­ture, ce ne sont pas spé­cia­le­ment des films qui m’attirent. Pas que ce ne soit pas bien d’avoir des films de diver­tis­se­ment ou grand public, ce n’est pas un par­ti pris, ni un refus de prin­cipe. Sim­ple­ment, quand je lis ces scé­na­rios, cela me touche moins par rap­port à d’autres où l’on a rela­té de vrais pro­blèmes d’aujourd’hui ou à des films his­to­riques qui sont uni­ver­sels et qui ont encore une réso­nance aujourd’hui. Des films où évo­luent des per­son­nages concrets humai­ne­ment, que l’on pour­rait croi­ser dans la rue. Ce sont ces gens-là qui me touchent, la vie au quo­ti­dien et non pas un héros de ciné­ma ni une his­toire héroïque.

Et d’autre part, comme je ne veux pas être au-devant des médias, en tout cas l’être le moins pos­sible, on m’a déjà écar­té de pro­jets plus grand public pour les­quels j’étais par­tant, en me disant que même si j’étais un très bon acteur, je n’étais pas assez ven­deur pour les édi­tions du 20 heures… Ils cherchent plu­tôt des gens qui, au moment de la pro­mo­tion, vont être des amu­seurs publics, qui vont dire des conne­ries à la télé­vi­sion pour tou­cher le plus large public possible.

Est-ce que choisir de tourner dans des films dits « sociaux » c’est aussi une forme d’engagement politique de votre part ?

Oui, c’est exact. Il faut que je sois atti­ré émo­tion­nel­le­ment par un rôle pour bien défendre des per­son­nages. Ce sont ces his­toires-là qui me touchent, qui me retournent et me bou­le­versent. Pro­ba­ble­ment parce que j’essaie de res­ter en phase avec la socié­té, avec les gens.C’est aus­si une des rai­sons pour les­quelles j’essaie d’être le moins pos­sible au-devant des médias : à par­tir du moment où l’on est trop connu, on n’a plus de vie pri­vée. On ne peut plus sor­tir de chez soi. Or, je pense que pour par­ler du monde et des gens, il faut vivre dans le monde et faire des choses avec les gens, voir ce qu’ils font et ce qu’ils sont. Je vis nor­ma­le­ment avec les gens et les his­toires que je reçois ont un écho en moi parce je connais cette réa­li­té. Il faut tou­jours res­ter vivant avec les autres.

Si vous étiez Premier ministre, quelle serait la première décision que vous prendriez ?

Ce serait de miser davan­tage sur l’enseignement. Y mettre les moyens finan­ciers, aug­men­ter le nombre d’enseignants pour avoir des classes plus petites afin d’accompagner ceux qui ont le plus de dif­fi­cul­tés. C’est eux l’avenir. C’est une déci­sion urgente à prendre.

Qu’est-ce que vous craignez le plus pour ces jeunes ?

C’est qu’ils ne soient pas suf­fi­sam­ment accom­pa­gnés pour décou­vrir ce qui les fait rêver, ce qui pour­rait les pas­sion­ner, les épa­nouir. Quand je vois les jeunes autour de moi, c’est vrai­ment ce manque de pas­sion, d’envie, de curio­si­té, de plaisir.

Il faut prendre chaque enfant et l’accompagner. Il faut certes les règles et tech­niques de base, les cal­culs, l’écriture mais il fau­drait sur­tout décou­vrir ce qu’il a en lui, ce qui va lui per­mettre de s’épanouir bref : quelle est sa sin­gu­la­ri­té ? C’est cela qu’il faut faire res­sor­tir dans les écoles. On a essayé avec le réno­vé en disant qu’on pour­rait choi­sir plus tôt, mais en réa­li­té je ne pense pas qu’il faille choi­sir dès 13 – 14 ans. Je pense au contraire qu’il faut leur don­ner une large gamme, les rendre curieux de plein de choses et ne pas les can­ton­ner dans une spé­cia­li­té. Ce n’est pas en enfer­mant dans la sin­gu­la­ri­té qu’on trouve la sin­gu­la­ri­té, c’est en l’ouvrant vers les autres, vers la dif­fé­rence, vers ce que l’on ne connaît pas que tout à coup, on va pou­voir vous révéler.

En permettant des ponts et des transferts entre les univers différents ?

Oui, mais c’est aus­si de rendre le jeune curieux. Sur ce plan-là, on ne les sti­mule pas, parce que déjà les parents sont de géné­ra­tions qui ont été for­ma­tées, tuées par la télé­vi­sion. C’est ter­rible le mal que la télé­vi­sion a fait depuis 30 ans sur les gens. Elle a enfer­mé les gens chez eux à ne regar­der que des conneries.

Et chez vous, comment cette curiosité s’est-elle déclarée ?

J’ai tou­jours été curieux des gens. Cela conti­nue à être mon plus grand plai­sir : les gens plus que les auteurs. C’est pour cela que j’ai arrê­té le théâtre. Le ciné­ma m’a per­mis de ren­con­trer des gens, les films d’auteur m’ont per­mis d’interpréter des situa­tions sociales. J’ai tour­né avec des acteurs ama­teurs qui étaient vrai­ment les per­son­nages, dans des milieux dif­fé­rents du mien. C’est cela qui m’a exci­té. C’était de quit­ter les quatre murs du théâtre et de ren­trer dans la vie, dans des vrais décors avec des vrais gens dans de vraies situa­tions et de voya­ger, de décou­vrir d’autres façons, d’autres humeurs, d’autres régions. Le conser­va­toire nous a beau­coup obli­gé à par­tir et à aller voir les gens, les regar­der, leur par­ler, les inter­ro­ger. Quand on devait inter­pré­ter un rôle, on devait trou­ver dans la vraie vie quelqu’un qui aurait pu être ce per­son­nage. Il fal­lait faire tout un tra­vail d’information. Comme dans le jour­na­lisme, l’acteur qui raconte un per­son­nage, doit s’informer avant. C’est une démarche.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus chez un homme ou une femme politique ?

C’est en tout cas se mettre au ser­vice des citoyens et à leur écoute. Savoir tran­si­ger, savoir accep­ter qu’il y ait des gens qui sont com­plè­te­ment à l’opposé. Ne pas tou­jours créer ces débats débiles, ces que­relles de par­tis, où le citoyen n’est plus vrai­ment au centre du débat et où on est plus sur des idéo­lo­gies poli­tiques. Mais j’en vois peu de mise au ser­vice des citoyens. Je vois sur­tout beau­coup d’égo. En même temps, pour avoir abor­dé un peu ce milieu dans « l’Exercice de l’État » je sais que c’est néces­saire d’avoir de l’égo et un orgueil. C’est un milieu tel­le­ment violent. Et ce ne sont pas tou­jours les meilleurs qui arrivent au-des­sus, hélas. Il y a des gens sou­vent beau­coup plus com­pé­tent qui sont dans l’ombre mais qui n’ont pas envie de deve­nir Pré­sident de la Répu­blique ou Pre­mier ministre, et qui ont davan­tage le sens du citoyen et de la poli­tique, dans le sens pur du mot, de la vie publique.

Il y a un débat en cours sur la réforme du statut de l’artiste en Belgique , quel est votre sentiment par rapport à cette question ?

Je suis cela un peu de loin. Mais ça ren­force mon sen­ti­ment qu’on n’a tou­jours pas com­pris aujourd’hui l’importance de la culture en Bel­gique. C’est dom­mage et je ne sais pas com­ment faire prendre conscience de cela au monde poli­tique. On devrait défendre ce sta­tut davan­tage car c’est dif­fi­cile pour un jeune artiste qui sort d’une école de vivre de ce métier. Même si évi­dem­ment je ne veux pas qu’il y ait des pri­vi­lèges pour les artistes au détri­ment d’autres caté­go­ries, je trouve dom­mage de remettre en cause un sta­tut qui jusqu’à pré­sent a fait ses preuves. Je pense qu’il n’y a pas un seul jeune qui veuille vivre de ce métier qui le fasse de manière hypo­crite. Tout jeune sait que vivre de cela est dur, qu’on va man­ger de la vache enra­gée. Le sta­tut peut per­mettre de pou­voir être aidé et de se dire « je conti­nue »… Moi, si je n’avais pas été aidé, je ne serais peut-être pas ce que je suis aujourd’hui même si j’ai eu de la chance. Mais il y en a eu d’autres qui ont mis ou met­tront plus de temps parce qu’il y a beau­coup de monde sur le marché.

Quel regard portez-vous sur le cinéma belge aujourd’hui ?

Le ciné­ma belge est recon­nu inter­na­tio­na­le­ment et à tra­vers plein de fes­ti­vals. Ce qui fait la richesse de la Bel­gique selon moi, c’est que nous sommes une jeune nation née en 1830, on a cou­pé notre cor­don ombi­li­cal qu’était la culture fran­çaise et on s’est retrou­vé dans un pays fait de bric et de broc sans culture, pas­sé, ni patri­moine. Il a donc fal­lu tout recons­truire et je pense qu’on a lais­sé tout faire car tout était pos­sible, c’est ce qui a per­mis cette richesse. En France, on a un lourd héri­tage. L’héritage et le patri­moine c’est bien mais c’est par­fois dif­fi­cile de se dire du jour au len­de­main que l’on doit s’en débar­ras­ser pour aller vers quelque chose de plus frais et vivant. Atten­tion, l’héritage, c’est magni­fique aus­si. La culture c’est aus­si apprendre à don­ner, à par­ta­ger ce que l’on a appris, le trans­mettre aux autres. Il y a la culture artis­tique mais aus­si la culture du tra­vail. La menui­se­rie, c’est aus­si la culture, de l’apprendre à un jeune c’est for­mi­dable. Si ce n’est qu’à un moment don­né il faut le lais­ser vivre, le lais­ser faire et par­fois c’est plus compliqué.

En Bel­gique donc, tout a été per­mis. Dès lors, une nou­velle culture, quelque chose de neuf, un regard dif­fé­rent et sur­tout une sin­gu­la­ri­té sont nés. Parce qu’on ne devait res­sem­bler à rien. Cha­cun a exis­té dans sa sin­gu­la­ri­té. C’est ce qui fait la richesse du ciné­ma belge aujourd’hui. Qu’il soit fla­mand ou wal­lon, c’est le même type de ciné­ma : un ciné­ma sin­gu­lier. On cherche à réa­li­ser le film que per­sonne d’autre n’aurait fait de cette façon-là. Cela n’appartient qu’aux Frères Dar­denne, qu’à Bou­li Lan­ners, qu’à Benoit Mariage…

Est-ce que vous avez un réalisateur ou une réalisatrice avec qui vous auriez souhaité travailler ?

Oui, des réa­li­sa­teurs dans le ciné­ma social anglais comme Mike Leigh ou Ken Loach.

Qu’est-ce que vous aimez lire ?

Je suis un gros lec­teur de polars par moment mais je peux aus­si res­ter trois mois sans ouvrir un bou­quin. Je lis beau­coup dans les trains parce que c’est facile à lire ou sur les tour­nages parce que cela ne vous prend pas la tête. C’est plu­tôt pas mal écrit, c’est pre­nant et cela vous emmène ailleurs. Mes goûts et mes humeurs changent tel­le­ment. Il y a des gens que je garde en réfé­rence comme John Irving dont j’apprécie énor­mé­ment l’humour. Mais si je ne devais citer qu’un seul roman ce serait « Le Sei­gneur des por­che­ries » d’un jeune auteur amé­ri­cain décé­dé Tris­tan Egolf. Je me suis tou­jours dit que si je réa­li­sais un film, ce serait une adap­ta­tion ciné­ma­to­gra­phique de ce livre.

Cela vous tenterait la réalisation ?

Ce n’est pas vital. Il faut que les choses soient vitales au ciné­ma ou dans le plai­sir. Or je ne suis pas sûr d’avoir du plai­sir à réa­li­ser. Ce serait plus une dou­leur, c’est un métier de fou, prendre une équipe, racon­ter une his­toire et mettre tout le monde au dia­pa­son, ce n’est pas évident. Si un jour je devais aller vers la réa­li­sa­tion, j’irais plus faci­le­ment vers le docu­men­taire. Jus­te­ment aller voir les gens, les ques­tion­ner, leur par­ler et décou­vrir quelque chose avec eux.

Quel est votre prochain film ?

Je viens de finir un film plu­tôt social de Pierre Joli­vet. L’histoire d’un vigile de 50 ans, com­plè­te­ment soli­taire qui vit en cité et qui est res­té au trou pen­dant dix ans parce que c’était une grande gueule, un délé­gué syn­di­cal. Mais son usine a fer­mé et il n’a pas retrou­vé d’embauche, esti­mé trop dif­fi­cile avec les patrons. Il reprend un petit bou­lot de vigile dans une zone d’activité com­mer­ciale où il y a plu­sieurs com­merces et une banque. Il va s’apercevoir qu’un hold-up est en train de se pré­pa­rer là, que des gens cir­culent et qu’il connait deux de ces per­sonnes. Celles-ci vivent dans une situa­tion sociale très incon­for­table. Il va donc tout faire pour arrê­ter cela…

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