Cette série de photos est issue de captures d’images de vidéos en cours de préparation dans le cadre d’un atelier mis en place depuis fin 2020 par la Régionale PAC de Bruxelles et des membres de la « Voix des Sans-Papiers » (VSP) qui occupent un bâtiment vide à Ixelles. Comme point de départ de cette rencontre, la volonté de réaliser des petites capsules en soutien au projet « Y EN A MARRE » mené par la VSP de Bruxelles et qui met en lien une personne sans-papiers avec un·e citoyen·ne belge. Cette dernier·e l’épaule et l’accompagne dans ses démarches administratives et juridiques en vue de l’obtention de ses papiers. Il s’agit aussi avec ces capsules, plus généralement, de sensibiliser à la condition des personnes sans-papiers. Toutes les citations entre guillemets qui légendent en partie ces photos sont, quant à elles, extraites de « Qui suis-je ? », un texte écrit par Taslim, Thierno et Modou, responsables de VSP et membres du collectif « Les aigles déterminés ».
« Je suis celui qui vient de loin. Je suis celle qui a pris les voies les plus dangereuses jusqu'à vos rives. Je suis celui qui a quitté une famille, un pays, un continent. Je suis celle qui a fui une guerre, l'excision, le mariage forcé. Je suis le migrant sans-papiers, pas un citoyen de plein droit. Je suis celui qui subit, partout, par tous, l'exploitation, la stigmatisation, les intimidations, les violences policières, les expulsions. Au stade où j'en suis, l'heure n'est plus à la dénonciation. L'heure est à la solution des épreuves et des urgences de ma vie ».
« La Belgique est-elle un pays hospitalier ? Qui doit accueillir ? Qui doit se réveiller ? Je suis celui que je suis. Pas celui que le système veut que je sois ». Dans leurs vidéos liées au projet Y EN A MARRE, Les Aigles déterminés mettent en lumière le déblocage de certaines situations lorsque la personne sans-papiers est accompagnée par un·e citoyen.ne belge. Force est de constater que l'attitude de l'interlocuteur administratif peut aussi être très changeante.
« J'ai décidé de me battre contre ceux qui ont pris le contrôle. De me battre contre ceux qui m'utilisent à leurs fins. J'ai décidé de me battre pour la liberté de circulation, pas pour des frontières contrôlées, fermées. De me battre pour l'égalité des chances, pas pour la discrimination ». Si une qualité doit définir tous les membres de l'atelier, c'est la détermination. Le nom était dès lors trouvé et le collectif « Les Aigles déterminés » prenait corps.
Qu’il prenne une forme fictive ou documentaire, le contenu de chaque capsule prend racine dans le vécu des participants. Pour beaucoup, le combat vers la régularisation se compte en années...
Les Aigles déterminés déclinent des situations parfois désespérées avec humour. Certains membres de l'atelier se sont vu conseiller par leur avocat de se marier afin d'obtenir leurs papiers (sic !). Heureusement le Marabout Cétou, personnage loufoque créé par le collectif et reflétant les absurdités de notre politique migratoire, peut apporter certaines solutions…
Les formes d’engagement
et de lutte des
participants de
l’atelier, tous membres
et responsables de
VSP, sont diverses.
Atelier vidéo, théâtre,
rassemblements et
manifestations, lettres
ouvertes, rédaction
du Journal des sanspapiers...
Autant de
champs d’action qui
visent à un changement
social et politique
afin de retrouver des
conditions de vie dignes.
« Je suis celle qui veut exister dans la liberté, la dignité. Je suis celui dont le rêve de justice tourne au cauchemar. Je suis le migrant sans-papiers, pas un citoyen de plein droit ». Régulariser c'est aussi lutter contre l'exclusion sociale, le racisme et la montée de l'extrême droite.
Suivez les actualités de « La Voix Des Sans-Papiers » sur leur page Facebook et de la Régionale de Bruxelles de PAC ici.
Les vidéos produites par l'atelier seront visibles sur ces pages Facebook à partir de septembre 2021
Depuis octobre 2019, près de 70 personnes sans-papiers occupent un bâtiment vide rue Fritz Toussaint à Ixelles, anciennement occupé par le Samu Social. Ils sont actuellement toujours en négociation avec la Régie des bâtiments, gestionnaire immobilier de l'état fédéral, pour trouver un accord d'occupation à long terme.