Bonom

Les Bruxel­lois n’ont pu échap­per à l’un des graf­fi­tis de Bonom. Qua­drillant la ville, ils décorent le plus sou­vent façades décré­pies ou murs dépri­mants, sus­ci­tant l’étonnement par des évo­ca­tions poé­tiques d’animaux sque­let­tiques, d’araignées géantes ou de petits bons­hommes qui s’intègrent dans le pay­sage urbain local ou qui forment de fan­tas­tiques films d’animation en stop-motion (images par images) visibles depuis sa rame de métro.
Le mou­ve­ment des pein­tures urbaines et du street-art a pris d’assaut depuis 30 ans les murs de nos villes même s’il s’inclut évi­dem­ment dans le temps mil­lé­naire des graf­fi­tis et, moins loin, dans la tra­di­tion des affi­chistes, des décol­la­gistes, des mura­listes et autres qui consi­dèrent l’espace public comme sup­port à l’art. Dans quelle mesure ce mou­ve­ment favo­rise-t-il l’accès à l’art, un art de et dans la rue, ren­du direct au pas­sant, qui devient regar­deur de fait et qui s’inclut dans son quo­ti­dien. Ces œuvres dégradent-elles les murs ou amé­liorent-elles un décor urbain dégra­dé ? En quoi ces œuvres sont-elles moins légi­times que, par exemple, des pan­neaux de publi­ci­té qui peuvent défi­gu­rer cer­tains envi­ron­ne­ments urbains ? Autant de ques­tions que cette ten­dance sou­lève. Là où règnent l’abandon, le lais­ser-aller de cer­tains pro­prié­taires (très sou­vent lié à la spé­cu­la­tion) ou le consen­sus de la gri­saille de cer­tains bureaux d’urbanisme, Bonom et les autres (ROA, Jef Aero­sol, Mimi the Clown, Login Hicks pour ne citer que des Bruxel­lois) viennent – gra­tui­te­ment — intro­duire un peu d’art poé­tique et, en quelques mots, embel­lir la ville. Alain Lapio­wer, direc­teur de Lézarts Urbains, insiste à ce sujet sur le plus, la valeur ajou­tée, l’amélioration de l’environnement urbain quo­ti­dien que cela peut appor­ter. Même si Bonom est moins por­teur d’un dis­cours poli­tique que par exemple Bank­sy et ses pochoirs urbains, il par­tage avec lui le goût de l’anonymat et de l’action directe. Actuel­le­ment sous le coup d’une pro­cé­dure judi­ciaire à la suite de son arres­ta­tion en février 2010, il béné­fi­cie d’une vague de sym­pa­thie et de sou­tien qui rend hom­mage à ce qui est consi­dé­ré par beau­coup comme un ser­vice ren­du gra­tui­te­ment à la com­mu­nau­té plu­tôt que comme du vandalisme.

Aurélien Berthier

Bonom
Visible un peu partout à Bruxelles
(carte disponible sur www.bonom.be)