Les femmes sont les grandes oubliées de l’histoire de la pensée. Le siècle dernier nous rappelle Hannah Arendt, Simone Weil ou Simone de Beauvoir. Mais avant ? Qui sait que des femmes dans l’Antiquité, malgré leur statut inférieur à l’homme, ont irradié par leur haute tenue intellectuelle. Ainsi Axiothée, disciple de Platon ou Thémista, disciple d’Épicure, mais surtout Hypatie d’Alexandrie, assassinée en 415 par une horde de fanatiques chrétiens. Cette femme exceptionnelle, savante, astronome, philosophe et célibataire, alors que toutes étaient confinées aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants, représentait un véritable défi à la domination masculine, tant physique que spirituelle. Elle paya cet affront à l’ordre moral du temps par une mort atroce, lapidée par des tessons de bouteilles. Cette femme de légende, célébrée dès la Renaissance par des portraits et des poèmes, méritait que le souvenir d’une vie remarquable, « icône de la liberté bafouée par la barbarie », demeure vivace. Il l’est aujourd’hui par le film « Agora » d’Alejandro Amenábar mais surtout par la biographie lumineuse qu’Olivier Graudefroy consacre à « l’étoile d’Alexandrie ». Une leçon de dignité et de courage en ces temps où les conservatismes machistes se dressent à nouveau.
Hypatie. L’étoile d’alexandrie
Olivier Gaudefroy
Arléa, 2012