Le 29 juillet 1914, Jean Jaurès est à Bruxelles, à la Maison du peuple, pour signer le manifeste commun contre la guerre. Il donne l’accolade à Hugo Haase qui représente les socialistes allemands, geste désespéré quand on connaît la suite de l’histoire. Émile Vandervelde, le Président du POB s’en souviendra avec émotion toute sa vie comme il en témoigne dans le numéro spécial de l’Humanité de 1915 consacré au premier anniversaire de la mort du député socialiste français. Aujourd’hui, le fondateur du socialisme républicain et démocratique est une figure emblématique mise à toutes les sauces et bonne à tout faire, tant référence pour Nicolas Sarkozy que pour le nouveau maire Front National de Hénin-Beaumont. Le 31 juillet 2014, il y aura très exactement un siècle que le leader socialiste aura été assassiné au Café du croissant à Paris par Raoul Villain. Raison de plus, nous les modernes à la mémoire si courte, de se plonger dans la volumineuse biographie que Gilles Candar et Vincent Duclert consacrent à Jaurès. Le récit, très documenté, suit la destinée exceptionnelle de cet homme, philosophe, professeur, plus jeune député de France à 26 ans, merveilleux orateur, journaliste intransigeant, militant internationaliste, de la grève des mineurs à Carmaux à l’affaire Dreyfus, de la première révolution russe à ses discours enflammés à la tribune de l’Assemblée nationale. Sans avoir pu éviter la guerre, lui l’ardent militant de la paix et de la solidarité internationale entre les prolétaires de tous les pays. Symbole, icône ou emblème, Jaurès reste farouchement un représentant exemplaire d’un engagement socialiste profondément moral et social pour défendre une seule cause, celle de l’humanité.
Jean CornilJean Jaurès
Gilles Candar et Vincent Duclert
Fayard, 2014