Quelque part entre un épisode de l’émission Strip-tease et un livre du couple de sociologues Pinçon-Charlot, ce documentaire porte un éclairage intimiste sur l’un des copropriétaires de l’empire économique français Mulliez, méga-entreprise tentaculaire à capital familial (Auchan, Décathlon, Kiabi, Pimkie et tant d’autres). Bernard Mulliez, vidéaste, filme son père dans un portrait peu complaisant. Voire une attaque à charge.
On y voit un septuagénaire, exilé fiscal en Belgique, replié dans son domaine, entre angoisse et ennui, évoquant souvenirs et devisant sur sa richesse de manière plutôt malaisante. Très marquante, une scène incroyable d’une réunion de famille (et donc d’actionnaires) voit un curé adouber la richesse de ces rentiers du capitalisme comme signe de leur élection par Dieu…
Le film se termine sur une « mission » de charité au Burkina Faso, véritable cas d’école d’un postcolonialisme où le blanc chrétien hyper paternaliste va soulager sa conscience de possédant de manière ultra caricaturale.
Une plongée féroce dans la très haute bourgeoisie, sa mentalité, ses doutes dérisoires, ses certitudes tranquilles, ses errements et cette « force des choses », celle de l’évidence du monde tel qu’il est, qui rend visible l’impossibilité d’attendre quelque changement social de sa part. Tout au plus « ces premiers de cordée » nous donneront-ils l’aumône…
La force des choses
Un documentaire de Bernard Mulliez
Argos center, 2018