Ce superbe ouvrage est consacré aux figures, mouvements et lieux révolutionnaires depuis l’indépendance de la Belgique. Comme l’écrit Anne Morelli : « Bruxelles, faute d’être belle, peut être rebelle ». Ce livre m’a à la fois enthousiasmé et ému. Enthousiasmé car j’ai découvert que cette ville possède une histoire révolutionnaire exceptionnelle. Comme tout le monde, je connaissais les années d’exil de Victor Hugo ou de Karl Marx qui a écrit le Manifeste du Parti communiste à Ixelles. Mais j’ai appris, qu’au-delà de ces figures mythiques, Lénine, Trotsky, Victor Serge, Durruti, les opposants marocains à Hassan II, les communistes turcs ou les révolutionnaires latino-américains avaient poursuivi leurs luttes et la défense de leurs idéaux dans cette capitale trop sommairement réduite à la bureaucratie européenne. Emu par l’extraordinaire expérimentation sociale alternative, de la colonie anarchiste en bordure de la forêt de Soignes au familistère de Jean-Baptiste Godin, ce socialiste utopiste et fouriériste, qui fonda à Laeken une usine autogérée produisant des poêles. Emu par tous ces lieux, des auberges, des cafés, les estaminets, les maisons du peuple ou des librairies. Emu par l’accueil des communards échappés de la répression de la Semaine sanglante, par le Mai 68 à l’ULB, ou par les combats d’Isabelle Gatti de Gamond pour l’émancipation des jeunes filles. Magnifiquement illustré entre cartes postales de l’époque, affiches, portraits, dessins, photos et œuvres d’art, le livre se clôt sur un extrait revigorant de Raoul Vaneignem. Un voyage exaltant dans le Bruxelles des deux derniers siècles, dont on ne se lasse pas tant les formes de la contestation et les chemins de traverse de l’Histoire officielle rendent de la vigueur et de l’espérance face aux impasses du présent.
Jean CornilLe Bruxelles des révolutionnaires, de 1830 à nos jours
Anne Morelli (Dir.)
CFC Éditions, 2016