Sebastião Salgado a parcouru des décennies durant, le monde et a photographié les conflits, la famine, l’exode. Wim Wenders, grand admirateur des clichés de ce photographe brésilien a décidé de consacrer un documentaire à cet observateur de la nature humaine. Wenders l’accompagne sur son projet et ne se met à aucun moment à l’avant-plan, il est simplement nourri d’empathie pour le travail de son ami Salgado. Ce documentaire interroge l’être humain dans son animalité et sa cruauté, il fait aussi un éloge de la beauté de la planète, ce qui est un rien déstabilisant, tant on a l’habitude de voir des images apocalyptiques du monde futur. Aidé par Juliano, le fils du photographe, Wenders suit la carrière de son ami, son exil après l’instauration de la dictature dans son pays natal jusqu’à nos jours. Les albums se succèdent : ceux sur l’Amérique latine, le Sahel ou les exodes forcés des populations opprimées… La force de certaines photos saisit d’effroi : ainsi ce père, en plein génocide du Rwanda, jetant son petit garçon sur un tas de cadavres. Face à la dureté des images, Sebastião Salgado commente sereinement les catastrophes, sa voix douce est emplie d’émotions, de sensibilité, de retenue et de pudeur. On devine que Salgado aime les êtres humains. Il passe alors du photographe social qu’il est depuis tant d’années au photographe animalier et environnemental dans la dernière séquence du documentaire intitulé « Genesis ». Il revient sur sa propriété natale brésilienne et défie la terre déforestée en s’employant à démontrer que celle-ci est toujours fertile et que les plantations peuvent renaître. Aujourd’hui, la végétation de sa propriété natale est luxuriante. Il s’emploie à opposer la beauté de la nature aux efforts inadaptés des hommes pour l’anéantir. S’autodétruire en quelque sorte.
Le sel de la terre
Un documentaire de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado
2014