Enfin ! Les Éditions Martin de Halleux ont eu l’excellente idée de publier une volumineuse monographie de Frans Masereel (1889 – 1972) intitulée L’empreinte du monde. Mais qui est Frans Masereel ? Virtuose de la gravure sur bois, Masereel s’est lancé dès 1918 dans la création de romans uniquement constitués de dessins qui, avec quelques décennies d’avance, ont ouvert la voie aux romans graphiques. Largement diffusés par la presse, ses dessins et ses illustrations ont jalonné l’histoire du 20e siècle et ont souvent été utilisés comme couverture d’ouvrages littéraires et politiques. Outre l’appareil biographique et de nombreuses photographies, l’ouvrage de 664 pages recèle près de 400 vignettes expressionnistes, dépourvues de mots et peuplées de symboles accessibles au plus grand nombre. Le travail d’artiste de Frans Masereel est indissociable de son engagement, lui qui était épris de liberté et de justice sociale, humaniste, anticapitaliste et antimilitariste.
Né en Flandre en 1889 mais francophone, ce pacifiste étudie le dessin, la lithographie et la typographie et devient rapidement un virtuose du noir et blanc et de la narration sans parole. Notons que les Éditions Martin de Halleux ont aussi réédité deux de ses romans sans parole emblématiques. Le premier, La Ville montre la ville européenne dans toute sa complexité, suite à l’industrialisation et à l’électrification des agglomérations, tandis que Idée, un récit muet de 83 gravures sur bois, narre allégoriquement la naissance, la vie et la mort d’une idée ; la méfiance, également, que celle-ci va faire surgir auprès d’esprits étriqués. Des ouvrages intenses qui témoignent indubitablement du poids des images dans le combat politique.
Olivier StarquitL’empreinte du monde
Sous la direction de Martin de Halleux
Editions Martin de Halleux, 2018