Les mots qui puent

Olivier Starquit

Après une remar­quable ana­lyse de la tra­hi­son des valeurs d’émancipation dans son livre pré­cé­dent L’extinction des lumières, Oli­vier Star­quit, qui écrit dans nos pages, dis­sèque dans Les mots qui puent les évo­lu­tions actuelles du lan­gage et des mots qui anes­thé­sient la pen­sée et érodent l’esprit critique.

Car le sys­tème capi­ta­liste assure sa domi­na­tion d’abord par l’imposition d’un voca­bu­laire qui véhi­cule ses valeurs de com­pé­ti­tion, de quan­ti­fi­ca­tion et de mana­ge­ment. « La bataille des mots est indis­so­ciable de la bataille des idées » écrit Oli­vier Star­quit en conclu­sion de son avant-pro­pos, de la gou­ver­nance au peuple. L’auteur y appelle à une vigi­lance séman­tique en décons­trui­sant des termes et des élé­ments de lan­gage qui conta­minent toutes les sphères de l’action et de la réflexion : la gou­ver­nance, le client, la dette, le ser­vice mini­mum, le popu­lisme, l’exclu­sion, les acquis sociaux

Tous ces mots, sou­mis à l’analyse cri­tique, qui com­posent « le régime de gou­ver­nance qui s’est pro­gres­si­ve­ment sub­sti­tué à celui de la poli­tique et de la citoyen­ne­té » comme l’évoque Alain Deneault dans sa pré­face. Un inter­naute ne fait pas un citoyen et, en ces temps gan­gre­nés par le cal­cul, l’écran et le pro­fit per­son­nel, « la recon­quête idéo­lo­gique sera lexi­cale ou ne sera pas » comme l’exprime Le Col­lec­tif Le Ressort.

L’ouvrage d’Olivier Star­quit, face « aux armes de dis­trac­tions mas­sives » agit comme un acide qui déso­do­rise les mots du pou­voir pour rendre aux mots leur véri­table poten­tiel de trans­for­ma­tion sociale et culturelle.

Jean Cornil

Les mots qui puent
Olivier Starquit
Les Éditions du Cerisier, 2018

 

 

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