Les prédateurs au pouvoir

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Les Pin­çon-Char­lot, le retour ! Après Le Pré­sident des riches et La vio­lence des riches (entre autres), le couple mythique de socio­logues revient à l’assaut et fait fort avec Les pré­da­teurs au pou­voir en don­nant à voir l’aggravation des inéga­li­tés dans un opus volon­tai­re­ment court et volon­tai­re­ment simple. Un livre aus­si per­cu­tant que les upper­cuts d’un boxeur vain­queur par KO au pre­mier round.
Loin des affres de la théo­rie du com­plot « jetée en pâture pour empê­cher de voir et de com­prendre », les deux socio­logues montrent com­ment « le néo­li­bé­ra­lisme, struc­tu­ré de manière oli­gar­chique, contrôle tous les aspects de la socié­té » et com­ment les riches s’organisent pour faire pas­ser leurs inté­rêts par­ti­cu­liers pour l’intérêt géné­ral grâce au tru­che­ment de la loi. À l’aide de quelques chiffres, ils montrent com­ment, en 2016, les huit mul­ti­mil­liar­daires les plus riches pos­sèdent ensemble un patri­moine équi­valent aux avoirs déte­nus par la moi­tié la plus pauvre de l’humanité, soit 3,5 mil­liards d’individus et ils donnent ain­si à voir le capi­ta­lisme finan­cia­ri­sé et une oli­gar­chie qui s’est orga­ni­sée pour gagner la lutte des classes, tou­jours bien réelle, quoi qu’en pensent cer­tains ! Pour eux, « l’esclavagisme moderne se met en place, avec la mise des peuples sous la tutelle des mar­chés, (…) la plus belle des réces­sions et des impos­tures au nom de la réforme, du chan­ge­ment et du moder­nisme par une oli­gar­chie mon­dia­li­sée autour de la finance spé­cu­la­tive à l’échelle de la pla­nète ». Puisque la luci­di­té est une pre­mière forme de résis­tance, cet essai clair­voyant qui montre la gra­vi­té de la situa­tion devrait être un livre à mettre dans toutes les mains.

Olivier Starquit

Les prédateurs au pouvoir
Main basse sur notre avenir
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot
Textuel, 2017

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