Je rêve depuis longtemps d’un échange avec Pierre Ansay, que je connaissais de nom et de réputation, et dont le livre « Spinoza peut nous sauver la vie » m’avait enchanté. Et voilà qu’il publie « Nos devenirs spinoziens fraternels et anarchistes » aux Éditions Couleur Livres. Je ressens ce texte comme une foisonnante boîte à outils conceptuelle, un gigantesque bricolage à la fois théorique et pratique, une multiplicité de pistes, de convictions, de valeurs, une promenade sans fin avec des embranchements infinis et des chemins de traverse qui relient penseurs, courants d’idées, arguments, définitions, mises en garde et espérances. Spinoza et Pierre Leroux. Bakounine et Isabelle Stengers. Jean-Claude Michéa et Gilbert Simondon. Gilles Deleuze et Frédéric Lordon. Georges Orwell et Christian Arnsperger. Un formidable assemblage de raisonnements subtils, de puissances désirantes, de valeurs fraternelles, de méfiance vis-à-vis de toutes les clôtures qui veulent enfermer définitivement l’homme et le monde dans une essence ultime tracée par Dieu, la révolution, la domination ou le pouvoir. Un livre de jubilations anarchistes contre « les sujets ensorcelés » du capitalisme.
Jean CornilNos devenirs spinoziens, fraternels et anarchistes
Pierre Ansay
Couleur Livres, 2013