Un attentat vient d’avoir lieu à Boton, la capitale de The Nation. Pour y répondre, vous êtes engagé comme l’un des opérateurs d’Orwell. Orwell est le programme de surveillance des citoyens et d’analyse de leurs données, en accord avec les lois spéciales de sécurité votées au cours des années précédentes. Première originalité, en vous faisant jouer un fonctionnaire de sécurité, le jeu vous plonge dans une réalité peu connue qui constitue pourtant notre quotidien : celle de la collecte et de l’analyse de données numériques, les datas, qui, rassemblées, deviennent des big data (ou mégadonnées). À travers les yeux de cet agent, vous allez découvrir un pouvoir stupéfiant et l’impact de votre travail sur la vie de vos concitoyens. Car une fois que les données que vous avez sélectionnées et triées sont introduites dans Orwell, les algorithmes tracent seuls les liens entre elles et il n’y a plus moyen de revenir en arrière. C’est l’autre grande force du jeu, montrer par un processus ludique le caractère construit de ces datas. Plus brillant encore, le jeu joue avec vous, avec vos habitudes des interfaces numériques qui déterminent notre quotidien, ainsi qu’avec vos sentiments pour vous amener où il le souhaite, dans une mise en abîme teintée de manipulation et de voyeurisme.
Orwell porte un discours glacial sur notre univers qui a abandonné de nombreux droits sous prétexte de protection. Après 30 ans de tout-sécuritaire, de caméras et de lois liberticides, la numérisation des données et leur mise en commun par des sociétés privées ouvre de terribles perspectives d’oppression. Grâce à ses nombreuses qualités, dont une écriture et des mécanismes de jeu excellents, Orwell propose un regard vertigineux sur notre réalité colonisée par le numérique.
Orwell
Osmotic Studios
Allemagne, 2016