Évoquer les « super-héros » revient souvent à faire naitre un sourire en coin, parfois condescendant, la réminiscence d’une enfance révolue. Et pourtant… les comics dont ces héros et héroïnes sont issu·es peuvent être des miroirs déformants d’un contexte sociétal et donc, de facto, devenir des témoignages et porter des messages politiques. C’est en substance ce que contient cet ouvrage, où son auteur, William Blanc, historien médiévaliste spécialiste des cultures populaires, aborde en dix-huit chapitres des discours politiques qui se cachent derrière des masques, des capes ou autres costumes. La Panthère noire et les revendications afro-américaines, Wonder Woman et l’émancipation des femmes, Superman en tant qu’incarnation d’un monde meilleur et porté par de jeunes auteurs juifs inquiets par la montée du fascisme des années 30 ou encore Namor et les luttes anticolonialistes. Pour n’en citer que quelques-uns. Chaque thématique est abondamment documentée, William Blanc partant bien souvent des prémisses du super-héros et retrace son parcours jusqu’à aujourd’hui, en ne manquant pas de tisser des liens avec l’histoire faits marquants de la société. Quelques planches viennent clore chaque section en illustrant par le trait les propos tenus précédemment par l’auteur. Même si le style d’écriture est limpide et se laisse facilement lire — chaque chapitre pouvant en outre être lu séparément des autres — Super-Héros, une histoire politique est néanmoins réservé à un public plutôt habitué des publications de Marvel de DC Comics. En effet, les multiples références à des épisodes clés de ce type de littérature ou l’évocation d’un panel important de personnages nécessitent d’avoir déjà quelques heures de feuilletage à son actif, au risque de passer à côté de bon nombre d’informations.
Super-Héros, une histoire politique
William Blanc
Libertalia, 2018