Tandis que dans notre société occidentale les luttes pour dénoncer les agressions et harcèlements sexuels sont de plus en plus au centre des débats (« #BalanceTonPorc », « # MeToo »), regarder un film d’animation documentaire comme Téhéran Tabou nous rappelle que dans certaines parties du monde, les questions relatives à la sexualité sont loin de faire l’objet d’un dialogue sans tabou. Le film d’Ali Soozandeh aborde ainsi sans pudeur ce sujet, permettant à nos propres questionnements en matière de sexualité de se décentrer et de s’ouvrir vers d’autres réalités. Réalisé en rotoscopie afin de renforcer la véracité de son discours, ce dessin animé met en scène le quotidien de quatre personnages à la recherche de bonheur, d’émancipation et de liberté, malgré les injustices, les oppressions et les interdits imposés par la République islamique d’Iran. Exilé en Allemagne, le cinéaste iranien en dénonce les paradoxes : d’un côté, les représentants de l’autorité (juridique, maritale, gouvernementale…) prônent des valeurs morales et religieuses ; de l’autre, ils prennent part officieusement aux interdits qu’ils condamnent officiellement (prostitution, drogue, violence, corruption). En s’attaquant à cette partie de la société iranienne islamique, fermée, hypocrite et tyrannique, au travers de témoignages anonymes, Ali Soozandeh met en lumière ses dysfonctionnements et tente de briser le silence de ses tabous. Grâce à des œuvres comme Téhéran Tabou, on pourrait imaginer que peut-être un jour des mouvements comme ceux susmentionnés verront le jour afin d’ébranler le maintien de certaines règles opprimantes. Un film qui non seulement ouvre les yeux ici mais peut aussi faire réfléchir là-bas.
Téhéran Tabou
Un film d’animation d’Ali Soozandeh, 2017