- Agir par la culture - https://www.agirparlaculture.be -

Téhéran Tabou

Un film d’animation d’Ali Soozandeh, 2017

Tan­dis que dans notre socié­té occi­den­tale les luttes pour dénon­cer les agres­sions et har­cè­le­ments sexuels sont de plus en plus au centre des débats (« #Balan­ce­Ton­Porc », « # MeToo »), regar­der un film d’animation docu­men­taire comme Téhé­ran Tabou nous rap­pelle que dans cer­taines par­ties du monde, les ques­tions rela­tives à la sexua­li­té sont loin de faire l’objet d’un dia­logue sans tabou. Le film d’Ali Soo­zan­deh aborde ain­si sans pudeur ce sujet, per­met­tant à nos propres ques­tion­ne­ments en matière de sexua­li­té de se décen­trer et de s’ouvrir vers d’autres réa­li­tés. Réa­li­sé en roto­sco­pie afin de ren­for­cer la véra­ci­té de son dis­cours, ce des­sin ani­mé met en scène le quo­ti­dien de quatre per­son­nages à la recherche de bon­heur, d’émancipation et de liber­té, mal­gré les injus­tices, les oppres­sions et les inter­dits impo­sés par la Répu­blique isla­mique d’Iran. Exi­lé en Alle­magne, le cinéaste ira­nien en dénonce les para­doxes : d’un côté, les repré­sen­tants de l’autorité (juri­dique, mari­tale, gou­ver­ne­men­tale…) prônent des valeurs morales et reli­gieuses ; de l’autre, ils prennent part offi­cieu­se­ment aux inter­dits qu’ils condamnent offi­ciel­le­ment (pros­ti­tu­tion, drogue, vio­lence, cor­rup­tion). En s’attaquant à cette par­tie de la socié­té ira­nienne isla­mique, fer­mée, hypo­crite et tyran­nique, au tra­vers de témoi­gnages ano­nymes, Ali Soo­zan­deh met en lumière ses dys­fonc­tion­ne­ments et tente de bri­ser le silence de ses tabous. Grâce à des œuvres comme Téhé­ran Tabou, on pour­rait ima­gi­ner que peut-être un jour des mou­ve­ments comme ceux sus­men­tion­nés ver­ront le jour afin d’ébranler le main­tien de cer­taines règles oppri­mantes. Un film qui non seule­ment ouvre les yeux ici mais peut aus­si faire réflé­chir là-bas.


Téhéran Tabou
Un film d’animation d’Ali Soozandeh, 2017