Fondé en 1905, le syndicat états-unien Industrial Workers of the World (IWW) a toujours défendu une approche plus radicale du syndicalisme, visant à rassembler tous les travailleurs au sein du « One Big Union », c’est-à-dire d’un seul grand syndicat, en mettant en œuvre avant l’heure les principes de l’intersectionnalité dans le sens où ils fédèrent plusieurs types de luttes contre les discriminations et pas seulement celles qui touchent l’ouvrier blanc. En effet, loin de la cogestion et du dialogue social, il proposa de défendre les intérêts de tous les ouvriers. Car pour l’IWW, « un tort fait à l’un est un tort fait à tous ». Le livre Wobblies – Un siècle d’agitation sociale et culturelle aux États-Unis, retrace à partir de nombreuses contributions dessinées et de riches parenthèses historiques les péripéties de ce syndicat, les actions menées par ses membres (surnommés les « Wobblies ») tout en évoquant aussi quelques-unes de ses figures importantes comme Joe Hill. Hill était un Suédois qui s’exila aux États-Unis pour travailler et s’y découvrit un beau matin esclave salarié. De cette situation désespérée, il fit des chants parmi les plus beaux et féroces. C’est aussi à lui que l’on prête ces propos devant le peloton d’exécution « Don’t mourn, organize ! » c’est-à-dire : « Ne pleurez pas, organisez-vous ! ». Parmi les autres personnages évoqués, citons aussi la journaliste et conférencière Lucy Parson, la rouge Emma Goldman, ce colosse borgne de Big Bill Haywood, cette centenaire de Mother Jones, ou encore Eugen Debs, cinq fois candidat socialiste aux élections états-uniennes sans oublier le journaliste engagé John Reed. Cette somme (308 pages) narre donc en BD l’histoire du monde ouvrier aux États-Unis et devrait passionner toutes celles et ceux qui sont intéressés par l’histoire du mouvement ouvrier et qui veulent œuvrer au changement de la société.
Wobblies – Un siècle d’agitation sociale et culturelle aux États-Unis
Bande dessinée collective coordonnée par Paul Buhle & Nicole Schulman
Nada, 2019