Rappelez-nous les premières mesures que vous auriez prises dans le cadre de ce ministère ?
La dénonciation de l’art contemporain et de la traduction devant la cour pénale de ses protagonistes, avec demande sur remboursement de ces 10 dernières années de toutes les sommes données aux artistes, à des galeries.
Pourquoi ?
Parce que c’est une escroquerie planétaire, un marché obscène, qui permet de défiscaliser des sommes d’argent considérables et de blanchir de l’argent. C’est une escroquerie d’État. La dernière tendance de l’art contemporain est à la dématérialisation des œuvres, il n’y a plus qu’un concept sans œuvre. Par exemple, il y a cet artiste français qui a été acheté très cher par l’État — donc avec de l’argent public. Son œuvre s’appelle « Help Me to Become a US citizen ! » [de Mathieu Laurette NDLR]. Ce sont toutes ses démarches pour obtenir un passeport américain, il a vendu ça en tant qu’œuvre d’art contemporain ! Une de mes premières mesures serait de traduire cette personne en cour de justice et de lui demander le remboursement des sommes qui lui ont été versées. C’est vous dire si je me suis fait des amis dans la profession artistique…
Une autre mesure ?
Je proposais donc de punir toutes les manipulations de langage comme par exemple « croissance négative ». Il faut arriver à empêcher les manipulations du langage, d’obliger à appeler un chat un chat. Une de mes directions en tant que ministre aurait été une direction du langage. La culture c’est d’abord du langage. Ainsi, appeler un plan de licenciement collectif un « plan de sauvegarde de l’emploi » aurait été passible d’une très forte amende. Une de mes premières mesures aurait été de forcer le Parti socialiste à changer de nom. Ces gens-là ne sont pas pour le socialisme, c’est-à-dire pour la propriété collective des moyens de productions. Grosso modo, on ne peut pas posséder à titre privé une usine et les ouvriers qui sont dedans. Être socialiste, c’est de s’opposer à cela. Or, François Hollande n’a pas proposé de fermer la Bourse, les socialistes actuels sont pour la bourse, ils ne sont pas socialistes. Donc, le problème qu’on a à gauche c’est que précisément les gens qui défendent le capitalisme s’appellent des socialistes : ça rend fou ce truc-là ! Une façon de clarifier les problèmes dans l’esprit des gens serait de commencer par interdire au PS de porter ce titre. Ils peuvent s’appeler autrement : les capitalistes réformateurs, les sociaux-libéraux…
Au niveau du financement de la culture, des subventions ? On sait que vous êtes assez critique du financement par projet, mais alors, comment ça se passerait ?
On reviendrait à la subvention sans condition. C’est-à-dire que sur la base de la qualification d’une association, de la reconnaissance de son travail, d’admettre qu’elle a des choses intéressantes à faire, lui serait attribuée une subvention absolument sans aucune condition. Avec, comme auparavant, un contrôle a posteriori, pour vérifier que cette somme n’est pas utilisée frauduleusement.
Cette subvention sans condition, c’est fondamental, ce n’est pas négociable.
Nous, au Pavé, on n’acceptera des subventions que le jour où ils nous remettront des subventions de fonctionnement sans aucune condition, sur base de la confiance, du fait que nous avons des choses intelligentes à faire. Alors, certes, fonctionner sans subventions nous met une contrainte d’équilibre commercial importante et un surtravail, mais ça nous rend aussi beaucoup plus libre. La subvention, qui était l’instrument de liberté, est devenue l’instrument de l’aliénation. C’est précisément le fait de pouvoir faire ce que l’on veut qui fait que l’on redevient intelligent.
Et au sujet du statut des intermittents du spectacle ?
C’est un statut qui devrait être appliqué à la totalité des salariés. C’est un statut qui est extrêmement luxueux dans la mesure où il reconnait qu’un travailleur a besoin de penser à son travail et d’être financé pour cela. En revanche, la dimension effrayante de ce statut, c’est qu’il faut courir les cachets en permanence : c’est donc à la fois merveilleux et insécurisant. Il faudrait corriger cela.
En tout cas, on peut s’inspirer de ce statut d’intermittent pour accorder à des travailleurs, quel que soit leur travail, le droit d’être financé pour penser. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que les artistes qui bénéficient de cela : pourquoi un travailleur social n’aurait-il pas le droit de s’arrêter une semaine pour penser à son travail ? Donc c’est un statut qui devrait être étendu.