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Manifeste « Un pays dans le pays »

Les Actrices et Acteurs des Temps pré­sents (AAdTP) est un col­lec­tif, né en 2013 d’une énième restruc­tu­ra­tion d’entreprise, au croi­se­ment d’enjeux syn­di­caux, agri­coles, asso­cia­tifs, aca­dé­mique… « Un pays dans le pays » est une invi­ta­tion, voire une inci­ta­tion à pas­ser à l’action, à créer des zones de résis­tances et de réap­pro­pria­tions. C’est un pro­jet qui se concré­tise dans chaque action que les uns et les autres entre­prennent. Le texte aus­si évo­lue. Vous trou­ve­rez ici l’introduction parue dans sa ver­sion imprimée.

« Les choses telles qu’elles vont nous disent la bar­ba­rie à venir.

Nous vivons dans une socié­té de plus en plus bru­tale et déshu­ma­ni­sante, sou­mise à une vio­lence vou­lue comme telle, qui a pour but de divi­ser, de sépa­rer et d’éliminer, d’imposer la domi­na­tion sans par­tage des puis­sants. Nous vivons sur une pla­nète dont le bou­le­ver­se­ment cli­ma­tique menace d’ores et déjà l’existence même de cen­taines de mil­lions d’humains et de mul­tiples autres espèces. Nous n’avons plus le choix. Nous n’avons plus le temps de ter­gi­ver­ser. Nous ne pou­vons conti­nuer à endu­rer cette vision mor­ti­fère d’un monde où la seule pers­pec­tive serait de voir grim­per les degrés et dimi­nuer les res­sources et les soli­da­ri­tés. Le mani­feste que vous allez lire nous pro­pose de reprendre en main notre ave­nir poli­tique, en construi­sant ensemble un pays dans le pays.

Ce que nous enten­dons par là, vous le décou­vri­rez dans les pages qui suivent. Mais il est sans doute déjà utile de pré­ci­ser ici que la pré­ser­va­tion des chances de sur­vie de l’humanité consti­tue, via l’invention de formes nou­velles de gou­ver­ne­ments et d’économies, l’objectif final, à la fois cultu­rel et poli­tique, du pays dans le pays.

La mise sur pied de ce pays dans le pays sup­pose de rompre radi­ca­le­ment avec le capi­ta­lisme, sys­tème éco­no­mique, poli­tique et cultu­rel qui est non seule­ment à l’origine de la situa­tion gra­vis­sime que nous vivons, mais qui se donne éga­le­ment pour sa solu­tion en prô­nant, contre toute rai­son, l’exploitation ultime de ce qui reste à exploi­ter, en ce com­pris les êtres humains comme matière der­nière. Pour construire un pays dans un pays, il s’agit bien sûr de pré­ser­ver les matières col­lec­tives qui sont notre bien com­mun, comme la sécu­ri­té sociale. Mais nous ne pou­vons pas nous conten­ter de ce qui existe encore (un peu) : nous devons inven­ter de nou­veaux com­muns. Il nous faut en outre recon­qué­rir des ter­ri­toires poli­tiques, la rue, les quar­tiers, les champs, les usines, les bureaux. De toute cette matière, nous devons enfin être en mesure d’établir un récit qui exprime notre réa­li­té et notre his­toire propres, et pas celle des puissants.

Ce mani­feste, adop­té par l’assemblée des Actrices et Acteurs des Temps Pré­sents mais ne lui appar­te­nant pas, est déjà en soi un com­mun sur lequel vien­dront se gref­fer de nom­breuses bou­tures. Une matière vivante sus­cep­tible de se nour­rir des expé­riences, des com­bats, des réflexions de cha­cun. En soi, ce mani­feste est répu­té n’être pas ter­mi­né et est sus­cep­tible de ne l’être jamais.

C’est d’ailleurs pour­quoi l’on trou­ve­ra, sur le site des AAdTP, à côté du texte impri­mé dans ces pages, une série de com­men­taires (chez les anciens, on disait des sco­lies) qui per­met­tront d’en appro­fon­dir ou d’en illus­trer la portée.

Mais ce mani­feste est sur­tout un appel à tra­vailler à la construc­tion d’une autre légi­ti­mi­té, ici même et main­te­nant. Non pas en créant de petites îles ou des refuges reclus à l’écart du monde, mais en étant plei­ne­ment ancrés dans un pré­sent qui vou­dra consti­tuer et pré­ser­ver une mémoire pour le futur.

Nous sommes notre propre proposition. »



L’ensemble du texte est disponible en ligne sur acteursdestempspresents.be Toutes vos interventions et réactions sur ce manifeste sont les bienvenues.