Ce livre propose une rencontre avec la population subsaharienne. Non pas celle qui vit à des milliers de kilomètres d’ici, mais bien celle issue de l’immigration dans le Hainaut, plus précisément dans la ville de La Louvière. Appareil photo sous le bras, le collectif De Vizu, dont la volonté première est d’informer et d’aborder par le prisme de la pellicule (ou de la carte mémoire) des questions sociales, politiques et culturelles, a fait le premier pas vers cette population, certes visible, mais que personne ne connaît. Frites et Manioc, tout est dans le titre : « c’est provoquer une rencontre entre personnes « différentes » et construire du commun », pour paraphraser les mots de Anne Devleeshouwer, du Centre régional d’Intégration de La Louvière, interviewée en fin d’ouvrage. 160 photos, toutes en noir et blanc, qui révèlent, tel l’effet grossissant d’une loupe, le quotidien vécu par cette communauté du Congo, du Cameroun, du Bénin, du Sénégal, du Rwanda ou encore du Niger. Une promenade en ville, la préparation d’un défilé de mode visant à lever des fonds, une bulle temporelle chez le coiffeur, une immersion dans un snack ou dans une école, le recueillement spirituel lors d’offices religieux ou encore la chaleur partagée dans certains foyers. Autant d’exemples de ce que recèle cet ouvrage, empreint d’une grande pudeur rimant avec respect, dont la volonté première est de bâtir des ponts. Des instants de présent qui, au-delà de la beauté artistique, invitent à réfléchir et à se poser les bonnes questions. Ces 160 pages de Frites et Manioc, les six photographes professionnels du collectif souhaitent qu’elles soient utilisées comme une fenêtre pour ceux qui ne connaissent pas cet Autre différent par sa couleur de peau et sa culture, mais également tel un miroir pour ceux qui accepteront ces images qui se veulent expressément respectueuses, dignes et valorisantes.
Frites et manioc
Collectif De Vizu
L’Image et l’Écrit, 2016