Notre époque voit un creusement des inégalités sociales de manière très forte. Ce sont en premier lieu des populations issues de l’immigration qui sont touchées. Pour compenser ces inégalités sociales, certains prônent l’octroi de privilèges culturels. Selon Jean-Philippe Schreiber, professeur à l’ULB, on ferait fausse route. En procédant ainsi on s’éloigne du combat pour une égalité sociale réelle tout en accentuant une fragmentation de notre société et une ethnicisation des rapports sociaux. La reconnaissance de droits spécifiques à des « minorités culturelles » (conçues comme homogène alors que pourtant très différenciée) n’est pas sans poser des problèmes. En fait, questionne l’auteur, quel type de société voulons-nous ? Une société ouverte favorisant le brassage guidé par le partage de valeurs communes ? Ou bien une société où chacun peut vivre ses particularismes et ses propres valeurs ? Et l’auteur d’en appeler à un nouvel anticléricalisme, qui a été historiquement l’un des moteurs de la gauche socialiste, pour faire face aux charges des conservateurs de toutes les religions. Ces attaques antimodernistes des églises vont à l’encontre d’un mouvement de sécularisation pourtant bien plus profondément ancré en cours ces derniers siècles. Il faut se ressaisir de la laïcité en tant qu’outil de régulation sociale des convictions et se souvenir que les accommodements raisonnables sont des questions politiques et non culturelles.
La crise de l’égalité, Essai sur la diversité multiculturelle
Jean-Philippe Schreiber
Coll. Liberté j’écris ton nom, Espace de liberté, 2013