Quand le premier épisode de Monument Valley sort en 2014, il devient instantanément un classique du jeu mobile. Avec son histoire simple, ses puzzles évidents, sa douceur accentuée par ses couleurs délicates et ses graphismes sublimes inspirés du peintre néerlandais M.C. Eischer, il touche un très large public tout en rencontrant le succès critique. Le second épisode reprend les qualités, ainsi que les défauts comme nous allons le voir, de son prédécesseur. Il y ajoute un lien entre une mère et sa fille que le joueur déplace dans des décors impossibles. Il s’agit d’y résoudre des énigmes en bougeant du bout des doigts des éléments de ces paysages abstraits et toujours sublimes. Narrativement rempli de bons sentiments et parfois trop consensuel dans son ambiance pour son propre bien, Monument Valley II mérite pourtant votre attention. Tout d’abord pour son esthétique envoutante, loin des canons photoréalistes des blockbusters, portée par un rythme apaisé. Ensuite, par sa facilité de prise en main et son univers, le titre est particulièrement propice au jeu avec les plus jeunes. Il se révèle alors idéal pour le plaisir de partager, entre adulte et enfant, un jouet commun, générateur de moments de connivence, de réflexion, d’émerveillement visuel où chaque âge trouve un plaisir différent. Et cette relation se retrouve dans le déroulement du jeu qui raconte une histoire simple de transmission mais aussi de lien et de coopération, loin de nouveau des gros succès commerciaux valorisant l’individualisme et la compétition. Enfin, en faisant de ses personnages principaux des femmes dans une industrie encore régulièrement traversée de polémiques machistes, Monument Valley II exprime un féminisme discret. Certainement pas un poing levé contre le patriarcat mais toujours, en creux, ce refus de creuser le sillon des blockbusters.
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Monument Valley II
Ustwo games
Par Julien Annart / le 26-03-2018Retour