« Gent en garde, Gand en lutte » a puisé force et conviction grâce à la création et à l’appui d’un Conseil de l’alimentation qui regroupe une trentaine d’acteurs et actrices des systèmes alimentaires gantois, des représentant·es de l’agriculture, du commerce, d’organisations de la société civile et de citoyen·nes ainsi que des expert·es universitaires.
Ce groupe conseille la Ville en matière de politique alimentaire et d’initiatives qui y sont liées. Il donne ainsi des idées et des orientations, façonne une politique commune, décide des budgets et aide à déterminer le cap que la ville désire mettre en œuvre. Parallèlement à ce Conseil de l’alimentation, un groupe de travail interne de la Ville réunit régulièrement près de 15 services de la ville pour étudier la portée et la coordination de la politique alimentaire. Elle offre aussi une plateforme participative permettant aux citoyen·nes, organisations, entreprises de déceler des intérêts communs et de partager les savoir-faire.
Il est vrai que de nombreuses initiatives existent déjà en matière d’agriculture urbaine durable et réfléchie dans cette ville. On pense notamment aux ventes à la ferme, aux circuits alimentaires courts, aux paniers de légumes et aux marchés de producteurs, aux « jeudis Veggie »,(jeudi où l’on mange végétarien dans les cantines scolaires) aux campagnes de commerce équitable, aux restaurants sociaux, aux jardins partagés, aux potagers urbains sur les toits. Mais aussi à la sensibilisation à la réduction et aux excédents des déchets alimentaires par la réintroduction de porcs dans la ville (qui mangent les déchets) et à la libération de l’espace pour les cultures en ville. « Gent en garde » fédère toutes ces initiatives mais en instaure bien d’autres.
CINQ OBJECTIFS POUR UNE ALIMENTAION URBAINE SOUTENABLE
Gand se donne cinq objectifs à atteindre dans les prochaines années.
Le premier est d’obtenir une chaine alimentaire visible et courte, au sein de laquelle le producteur local peut vendre ses produits à proximité et directement au client.
Le second est tourné vers les agriculteurs·trices, les habitant·es et les utilisateur·trices afin qu’ils/elles participent à une agriculture urbaine durable et incitent les gens à consommer de manière durable.
Autre objectif celui de créer une valeur ajoutée sociale plus prégnante en ayant recours à des initiatives alimentaires. En effet, l’alimentation relie les gens de tous les âges et de tous les milieux. Il s’agit donc de fabriquer une meilleure cohésion sociale, tout en développant des emplois durables.
Gand veut également réduire le gaspillage alimentaire après avoir constaté qu’un tiers de la nourriture produite finit actuellement dans le tas de déchets. C’est le cas notamment des légumes les moins beaux, les moins « exposables » à la vente. Comment s’y prendre ? En cherchant un marché pour les surplus alimentaires et en donnant des conseils aux habitant·es sur la façon de réaliser des achats conscients, sur le stockage et le traitement d’une alimentation optimale. Enfin dernière initiative en date : réutiliser autant que possible les déchets alimentaires comme matière première. Car lorsque les aliments deviennent des déchets, ils peuvent toujours faire l’objet d’une utilisation intelligente : en fabriquant du compost à partir de déchets organiques ou encore en les recueillant et en les traitant séparément. La ville prend alors l’exemple de « Foodsavers », en l’espace de deux ans, pas moins de 1000 tonnes de surplus alimentaires ont été redistribués. Le projet initial était d’atteindre 100 tonnes par an. Chaque année, environ 40 000 Gantois·es en situation de pauvreté (16 % de la population) bénéficient de ceux-ci.
Autre exemple parlant : « la Restorestje ». Les restes des plats cuisinés en salle peuvent être emportés par le/la client·e. Il s’agit d’un engagement éthique et écologique. Cette pratique s’est installée dans environ un quart des restaurants gantois. Pas moins de 7 % des Gantois·es sont végétariens et 10 % des repas scolaires sont végétariens (les autres jours de la semaine car le jeudi l’est déjà à 100).
Ce projet, que « Gent en garde » a mené depuis quelques années, est à la portée de toute ville à taille humaine qui décide de penser durablement l’alimentation.