« Gent en garde » : une politique alimentaire urbaine audacieuse

« Gent en garde » est une ini­tia­tive inté­res­sante à l’origine d’un vaste pro­jet de poli­tique ali­men­taire urbaine. La ville s’est vue récom­pen­sée en 2019 par le Prix de l’action cli­ma­tique mon­diale des Nations Unies, remis lors de la COP25 au Chi­li. La Ville de Gand a ain­si été sélec­tion­née par­mi près de 700 entre­prises, orga­ni­sa­tions et gou­ver­ne­ments du monde entier. « Gent en garde » milite pour un appro­vi­sion­ne­ment ali­men­taire durable dans une ville qui veut réduire l’impact envi­ron­ne­men­tal et être neutre pour le cli­mat en 2050. Des­crip­tion du projet.

« Gent en garde, Gand en lutte » a pui­sé force et convic­tion grâce à la créa­tion et à l’appui d’un Conseil de l’alimentation qui regroupe une tren­taine d’acteurs et actrices des sys­tèmes ali­men­taires gan­tois, des représentant·es de l’agriculture, du com­merce, d’organisations de la socié­té civile et de citoyen·nes ain­si que des expert·es universitaires.

Ce groupe conseille la Ville en matière de poli­tique ali­men­taire et d’initiatives qui y sont liées. Il donne ain­si des idées et des orien­ta­tions, façonne une poli­tique com­mune, décide des bud­gets et aide à déter­mi­ner le cap que la ville désire mettre en œuvre. Paral­lè­le­ment à ce Conseil de l’alimentation, un groupe de tra­vail interne de la Ville réunit régu­liè­re­ment près de 15 ser­vices de la ville pour étu­dier la por­tée et la coor­di­na­tion de la poli­tique ali­men­taire. Elle offre aus­si une pla­te­forme par­ti­ci­pa­tive per­met­tant aux citoyen·nes, orga­ni­sa­tions, entre­prises de déce­ler des inté­rêts com­muns et de par­ta­ger les savoir-faire.

Il est vrai que de nom­breuses ini­tia­tives existent déjà en matière d’agriculture urbaine durable et réflé­chie dans cette ville. On pense notam­ment aux ventes à la ferme, aux cir­cuits ali­men­taires courts, aux paniers de légumes et aux mar­chés de pro­duc­teurs, aux « jeu­dis Veg­gie »,(jeu­di où l’on mange végé­ta­rien dans les can­tines sco­laires) aux cam­pagnes de com­merce équi­table, aux res­tau­rants sociaux, aux jar­dins par­ta­gés, aux pota­gers urbains sur les toits. Mais aus­si à la sen­si­bi­li­sa­tion à la réduc­tion et aux excé­dents des déchets ali­men­taires par la réin­tro­duc­tion de porcs dans la ville (qui mangent les déchets) et à la libé­ra­tion de l’espace pour les cultures en ville. « Gent en garde » fédère toutes ces ini­tia­tives mais en ins­taure bien d’autres.

CINQ OBJECTIFS POUR UNE ALIMENTAION URBAINE SOUTENABLE

Gand se donne cinq objec­tifs à atteindre dans les pro­chaines années.

Le pre­mier est d’obtenir une chaine ali­men­taire visible et courte, au sein de laquelle le pro­duc­teur local peut vendre ses pro­duits à proxi­mi­té et direc­te­ment au client.

Le second est tour­né vers les agriculteurs·trices, les habitant·es et les utilisateur·trices afin qu’ils/elles par­ti­cipent à une agri­cul­ture urbaine durable et incitent les gens à consom­mer de manière durable.

Autre objec­tif celui de créer une valeur ajou­tée sociale plus pré­gnante en ayant recours à des ini­tia­tives ali­men­taires. En effet, l’alimentation relie les gens de tous les âges et de tous les milieux. Il s’agit donc de fabri­quer une meilleure cohé­sion sociale, tout en déve­lop­pant des emplois durables.

Gand veut éga­le­ment réduire le gas­pillage ali­men­taire après avoir consta­té qu’un tiers de la nour­ri­ture pro­duite finit actuel­le­ment dans le tas de déchets. C’est le cas notam­ment des légumes les moins beaux, les moins « expo­sables » à la vente. Com­ment s’y prendre ? En cher­chant un mar­ché pour les sur­plus ali­men­taires et en don­nant des conseils aux habitant·es sur la façon de réa­li­ser des achats conscients, sur le sto­ckage et le trai­te­ment d’une ali­men­ta­tion opti­male. Enfin der­nière ini­tia­tive en date : réuti­li­ser autant que pos­sible les déchets ali­men­taires comme matière pre­mière. Car lorsque les ali­ments deviennent des déchets, ils peuvent tou­jours faire l’objet d’une uti­li­sa­tion intel­li­gente : en fabri­quant du com­post à par­tir de déchets orga­niques ou encore en les recueillant et en les trai­tant sépa­ré­ment. La ville prend alors l’exemple de « Food­sa­vers », en l’espace de deux ans, pas moins de 1000 tonnes de sur­plus ali­men­taires ont été redis­tri­bués. Le pro­jet ini­tial était d’atteindre 100 tonnes par an. Chaque année, envi­ron 40 000 Gantois·es en situa­tion de pau­vre­té (16 % de la popu­la­tion) béné­fi­cient de ceux-ci.

Autre exemple par­lant : « la Res­to­restje ». Les restes des plats cui­si­nés en salle peuvent être empor­tés par le/la client·e. Il s’agit d’un enga­ge­ment éthique et éco­lo­gique. Cette pra­tique s’est ins­tal­lée dans envi­ron un quart des res­tau­rants gan­tois. Pas moins de 7 % des Gantois·es sont végé­ta­riens et 10 % des repas sco­laires sont végé­ta­riens (les autres jours de la semaine car le jeu­di l’est déjà à 100).

Ce pro­jet, que « Gent en garde » a mené depuis quelques années, est à la por­tée de toute ville à taille humaine qui décide de pen­ser dura­ble­ment l’alimentation.

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