Sorti en 2020, L’ADN de la Flandre, sous-titré « Ce que veulent vraiment les Flamands ? » est une enquête menée par le journaliste politique de la VRT, Ivan De Vadder, et l’expert en communication, Jan Callebaut. Ils comparent des données recueillies auprès de 3000 citoyen·nes résidant en Flandre sur la période 2009 – 2019. L’occasion de mesurer l’évolution de leurs inquiétudes et leur rapport au monde politique.
Elle n’existe qu’en néerlandais mais a reçu un fort écho médiatique côté francophone. Ainsi, un article de Mathieu Colleyn dans l’Echo, qui a rencontré les auteurs de l’étude, permet de rendre compte des résultats de leur radiographie de la société flamande.
Il en ressort ainsi que les inquiétudes des Flamands ont évoluées au cours de la décennie écoulée. « En 2009, émanait surtout des citoyen·nes des craintes assez banales, comme la peur d’être frappé par une maladie incurable ou d’avoir un niveau de bien-être insuffisant à sa pension. On trouvait aussi beaucoup de défauts du monde politique » explique Ivan de Vadder à l’Echo. En 2014, aux côtés des questions économiques classiques, on constate surtout que le thème de la « migration incontrôlable » va faire son entrée pour devenir la pierre d’achoppement principale des Flamands. Viennent en 2019 s’ajouter à ces questions migratoires et liées à l’identité flamande toute la question climatique et les dégâts majeurs qu’elle produit.
Prenons le pouls politique
On constate un net fléchissement des trois piliers politiques traditionnels puisqu’en 1999, chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes représentaient ensemble 60 % de la population en Flandre, un chiffre qui tombe à 38 % en 2019. Pour De Vadder, toujours à l’Echo, c’est en raison du fait que « l’Open VLD, le CD&V et le SP.A (Vooruit désormais) ne proposent plus de réponses aux besoins et préoccupations actuelles des citoyen·nes ». Le CD&V est perçu comme un parti conservateur et modéré mais surtout « périmé ». L’Open VLD manquerait lui de sincérité et de crédibilité. Quant à Vooruit (ex-Spa), continue De Vadder, il « est toujours associé au principe de solidarité, mais il ne sort plus de la mêlée avec la concurrence qui lui est faite par Groen et le PTB-PVDA. On ne l’associe plus au fait de protéger les plus vulnérables »
Et du côté de la N‑VA ? Petits jeux entre amis
La N‑VA, maintenant perçue comme un parti gestionnaire responsable et qui remplace le CVP dans le rôle de « parti qui doit être aux affaires », a raté le coche en 2014 et n’a pas pu envoyer son leader Bart De Wever au 16 rue de la Loi. Aujourd’hui, le président de la N‑VA, et d’autres ténors du parti insistent lourdement pour négocier avec le PS, simplement parce qu’ils veulent absolument faire partie du prochain gouvernement fédéral. Le rapprochement très commenté entre le nationaliste Bart De Wever et le président de Vooruit Conner Rousseau alimente toutes les conversations en Flandre.…
Cependant, Rousseau a toutefois mis la condition qu’une coalition entre Vooruit et la N‑VA ne pourrait avoir lieu que si les nationalistes flamands ne mettaient en place aucune coalition avec le Vlaams Belang (VB), à quelque niveau de pouvoir que ce soit. Quant à De Wever, il exige du VB comme préalable à toute coalition une opération de nettoyage au sein de ce parti d’extrême droite pour en expurger les membres les moins fréquentables.
Quel rapport de force actuellement ?
Suite à un sondage paru en février 2023 et effectué par l’Institut Kantar pour La Libre Belgique et la RTBF, de nombreux experts prédisent un futur blocage politique et une Belgique potentiellement ingouvernable en raison des sondages plébiscitant le Vlaams Belang et la N‑VA au nord du pays. Le VB totalise en effet près de 25% des intentions de vote en Flandre et détrône la N‑VA. Avec une hausse de 6,1 points de plus par rapport à 2019, il devient le premier parti de Flandre. La NVA chute de 4 points à 21,5%. Mais les deux partis indépendantistes pourraient en revanche obtenir la majorité au parlement flamand et former, à eux deux, un gouvernement régional. La voie vers le confédéralisme, voire l’indépendance de la Flandre, serait alors toute tracée.