Les évolutions du jeu politique flamand

Illustration : Vanya Michel

Com­ment se porte la Flandre poli­ti­que­ment par­lant ? Quelles sont les attentes et pré­oc­cu­pa­tions des Fla­mands alors qu’approchent les élec­tions de 2024 ? Pour en avoir une pre­mière idée, détour par l’étude « L’ADN de la Flandre » et ce que laisse per­ce­voir les tous der­niers son­dages électoraux.

Sor­ti en 2020, L’ADN de la Flandre, sous-titré « Ce que veulent vrai­ment les Fla­mands ? » est une enquête menée par le jour­na­liste poli­tique de la VRT, Ivan De Vad­der, et l’expert en com­mu­ni­ca­tion, Jan Cal­le­baut. Ils com­parent des don­nées recueillies auprès de 3000 citoyen·nes rési­dant en Flandre sur la période 2009 – 2019. L’occasion de mesu­rer l’évolution de leurs inquié­tudes et leur rap­port au monde politique.

Elle n’existe qu’en néer­lan­dais mais a reçu un fort écho média­tique côté fran­co­phone. Ain­si, un article de Mathieu Col­leyn dans l’Echo, qui a ren­con­tré les auteurs de l’étude, per­met de rendre compte des résul­tats de leur radio­gra­phie de la socié­té flamande.

Il en res­sort ain­si que les inquié­tudes des Fla­mands ont évo­luées au cours de la décen­nie écou­lée. « En 2009, éma­nait sur­tout des citoyen·nes des craintes assez banales, comme la peur d’être frap­pé par une mala­die incu­rable ou d’a­voir un niveau de bien-être insuf­fi­sant à sa pen­sion. On trou­vait aus­si beau­coup de défauts du monde poli­tique » explique Ivan de Vad­der à l’Echo. En 2014, aux côtés des ques­tions éco­no­miques clas­siques, on constate sur­tout que le thème de la « migra­tion incon­trô­lable » va faire son entrée pour deve­nir la pierre d’achoppement prin­ci­pale des Fla­mands. Viennent en 2019 s’ajouter à ces ques­tions migra­toires et liées à l’identité fla­mande toute la ques­tion cli­ma­tique et les dégâts majeurs qu’elle produit.

Prenons le pouls politique

On constate un net flé­chis­se­ment des trois piliers poli­tiques tra­di­tion­nels puisqu’en 1999, chré­tiens-démo­crates, libé­raux et socia­listes repré­sen­taient ensemble 60 % de la popu­la­tion en Flandre, un chiffre qui tombe à 38 % en 2019. Pour De Vad­der, tou­jours à l’Echo, c’est en rai­son du fait que « l’Open VLD, le CD&V et le SP.A (Voo­ruit désor­mais) ne pro­posent plus de réponses aux besoins et pré­oc­cu­pa­tions actuelles des citoyen·nes ». Le CD&V est per­çu comme un par­ti conser­va­teur et modé­ré mais sur­tout « péri­mé ». L’Open VLD man­que­rait lui de sin­cé­ri­té et de cré­di­bi­li­té. Quant à Voo­ruit (ex-Spa), conti­nue De Vad­der, il « est tou­jours asso­cié au prin­cipe de soli­da­ri­té, mais il ne sort plus de la mêlée avec la concur­rence qui lui est faite par Groen et le PTB-PVDA. On ne l’as­so­cie plus au fait de pro­té­ger les plus vul­né­rables »

Et du côté de la N‑VA ? Petits jeux entre amis

La N‑VA, main­te­nant per­çue comme un par­ti ges­tion­naire res­pon­sable et qui rem­place le CVP dans le rôle de « par­ti qui doit être aux affaires », a raté le coche en 2014 et n’a pas pu envoyer son lea­der Bart De Wever au 16 rue de la Loi. Aujourd’hui, le pré­sident de la N‑VA, et d’autres ténors du par­ti insistent lour­de­ment pour négo­cier avec le PS, sim­ple­ment parce qu’ils veulent abso­lu­ment faire par­tie du pro­chain gou­ver­ne­ment fédé­ral. Le rap­pro­che­ment très com­men­té entre le natio­na­liste Bart De Wever et le pré­sident de Voo­ruit Conner Rous­seau ali­mente toutes les conver­sa­tions en Flandre.…

Cepen­dant, Rous­seau a tou­te­fois mis la condi­tion qu’une coa­li­tion entre Voo­ruit et la N‑VA ne pour­rait avoir lieu que si les natio­na­listes fla­mands ne met­taient en place aucune coa­li­tion avec le Vlaams Belang (VB), à quelque niveau de pou­voir que ce soit. Quant à De Wever, il exige du VB comme préa­lable à toute coa­li­tion une opé­ra­tion de net­toyage au sein de ce par­ti d’extrême droite pour en expur­ger les membres les moins fréquentables.

Quel rapport de force actuellement ?

Suite à un son­dage paru en février 2023 et effec­tué par l’Institut Kan­tar pour La Libre Bel­gique et la RTBF, de nom­breux experts pré­disent un futur blo­cage poli­tique et une Bel­gique poten­tiel­le­ment ingou­ver­nable en rai­son des son­dages plé­bis­ci­tant le Vlaams Belang et la N‑VA au nord du pays. Le VB tota­lise en effet près de 25% des inten­tions de vote en Flandre et détrône la N‑VA. Avec une hausse de 6,1 points de plus par rap­port à 2019, il devient le pre­mier par­ti de Flandre. La NVA chute de 4 points à 21,5%. Mais les deux par­tis indé­pen­dan­tistes pour­raient en revanche obte­nir la majo­ri­té au par­le­ment fla­mand et for­mer, à eux deux, un gou­ver­ne­ment régio­nal. La voie vers le confé­dé­ra­lisme, voire l’indépendance de la Flandre, serait alors toute tracée.

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