S’en aller

Les Edi­tions Incultes font par­tie de ces mai­sons issues de col­lec­tifs d’auteur·trices engagé·es qui osent et sur­tout donnent leur chance à de jeunes plumes. Sophie d’Aubreby est de celles-là, pour notre plus grand bon­heur. Dans ce pre­mier roman inti­tu­lé S’en aller, elle nous emmène dans une vaste épo­pée aux côtés de Car­men, une héroïne plus vraie que nature. Pas de celles qui font rêver à des accom­plis­se­ments flam­boyants, mais une héroïne réelle, tan­gible, qui lutte pour sa sur­vie au sein d’une socié­té patriar­cale qui l’enferme dans une posi­tion dont elle s’émancipe au fil des pages. Se dégui­sant en homme pour se faire enga­ger sur un bateau de pêche en mer du Nord, s’aventurant sur l’île de Java pour y décou­vrir la danse et appri­voi­ser son corps ou s’engageant dans la Résis­tance, Car­men est de ces femmes dont on rêve qu’elle soit notre sœur, notre amie, notre double tant elle est atta­chante, ins­pi­rante et déter­mi­née. Sophie d’Aubreby dresse un por­trait fémi­nin tout en finesse, sa plume brillante n’éludant en rien la dure­té de cer­tains pro­pos, qu’il s’agisse d’excision, de cri­tique du monde consu­mé­riste ou encore des vio­lences faites aux femmes. S’en aller, c’est une prose sub­tile et poé­tique qui bous­cule les corps, qui cha­vire les esprits en sui­vant durant près d’un siècle une Car­men en quête d’émancipation des codes bour­geois patriarcaux.

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