Le plaisir qu’on a à lire les livres d’Amandine Dhée tient probablement à ce que sans apparemment nous sortir de l’ordinaire, elle nous donne à voir les complexités qui se nouent aux différentes étapes de la construction de l’individue aux prises avec ses contradictions. Après avoir questionné son expérience de maternité dans La Femme Brouillon, elle part à la recherche de son désir. Elle revient, dans un dialogue avec elle-même, sur les passages, les tournants, les rencontres et les décisions qui, au fil de son histoire, ont façonné artisanalement son désir ; un désir qui se nourrit des relations qu’on tisse, des modèles à notre disposition, de nos fantasmes, espoirs et déceptions. Soulignant le poids de la norme tout en questionnant la non moins pesante injonction à s’en défaire, Amandine Dhée retrace son parcours singulier, nous tend un miroir tendre et invite au retour sur soi, sur les clichés qui vivent dans la tête d’une petite fille, d’une jeune femme, d’une mère mais qui, parce qu’ils y sont, sont aussi ce qui nous constitue, la matière dont sont tissés nos dilemmes. Évoquant l’engagement féministe ou le désir d’une sexualité épanouie, la vie de famille et la question du couple, l’autrice voudrait conseiller aux filles « de ne pas perdre leur temps à être désirables, qu’elles désirent plutôt », de se défaire l’idée que tout est spontané et rappeler que comme toute chose, une personne, ça se fabrique. Ainsi, les années qui passent offrent la promesse d’aller vers du toujours meilleur.
Valentine BonomoÀ mains nues
Amandine Dhée
La Contre Allée, 2020