Je ne serai plus psychiatre

Gérard Hof a étu­dié la méde­cine avant de se spé­cia­li­ser dans la psy­chia­trie avec l’espoir d’apporter une dimen­sion plus humaine au monde médi­cal et aux soins appor­tés aux per­sonnes en détresse. Rapi­de­ment révol­té par l’institutionnalisation des pra­tiques et par la mar­chan­di­sa­tion des soins, il s’engage dans une pra­tique hété­ro­doxe mêlant acti­visme et pro­po­si­tions nova­trices pour venir bous­cu­ler les codes. Et, il ne faut pas avoir peur de le dire, sa patien­tèle et ses col­lègues, ce qui ne sera pas sans consé­quence sur sa « car­rière ». Au début des années 1970, l’approche domi­nante de la psy­chia­trie est au scien­tisme et au posi­ti­visme. Les patient·es interné·es se voient bourré·es de neu­ro­lep­tiques et les psy­chiatres en place semblent s’accommoder des modes de fonc­tion­ne­ment de l’institution. Dans sa révolte, Gérard Hof par­vient à embar­quer certain·es col­lègues et autres patient·es pour mener des actions de déso­béis­sance col­lec­tive avec pour objec­tif avoué de venir trou­bler la marche nor­male de l’hôpital et de remettre en cause les rap­ports hié­rar­chiques. Avec cer­tains suc­cès, il faut le recon­naitre… Le texte que rééditent les édi­tions Météores est d’une acui­té et d’une actua­li­té désar­mante. Comme le dit Renaud-Selim San­li dans son intro­duc­tion inédite : « La séquence poli­tique a chan­gé, les ins­ti­tu­tions aus­si, mais nous ne ces­sons de reve­nir aux années 1960 – 1970 afin de ten­ter de rejouer les aspects les plus fon­da­men­taux de la sec­to­ri­sa­tion. C’est pour­quoi, si la grille de lec­ture de Gérard Hof et de ses cama­rades de com­bat n’est pas sim­ple­ment trans­po­sable, ce qui les concer­nait nous concerne encore ». Si l’on peut regret­ter un cer­tain manque de nuance et de recon­tex­tua­li­sa­tion du pro­pos, il n’en demeure pas moins que le texte de Hof et sa cri­tique acerbe du monde médi­cal et de ses cadres nor­ma­tifs res­tent extrê­me­ment inté­res­sante. Sa dénon­cia­tion du posi­tion­ne­ment de la mala­die men­tale dans le cir­cuit de la mar­chan­dise ou encore de l’industrie phar­ma­ceu­tique résonne encore aujourd’hui.

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