Laurence De Cock, historienne et chercheuse en Sciences de l’éducation, connue notamment pour sa chronique vidéo « Les détricoteuses » qu’elle anime avec Mathilde Larrère sur Médiapart, revient sur le mot « école » dans ce second volume de la collection « Le mot est faible » consacré aux mots outils cruciaux qui servent à penser le réel. Dans cet ouvrage, elle traite la question du sens de l’école et du projet de société porté par les politiques menées à son sujet. Politiques qui remettent violemment en question la démocratisation de cette institution et de l’éducation en général. Avec comme résultat, étudié depuis longtemps, un renforcement de l’assignation sociale mais aussi au genre et à l’ethnie.
L’auteure revient ensuite sur les critiques bien connues de l’école, notamment à partir de la pensée d’Ivan Illich et de sa « Société sans école », et les projets alternatifs. Elle évoque ainsi les pédagogies Freinet, Montessori ou Sudbury, qui toutes, au-delà de leurs différends, sont aujourd’hui instrumentalisées pour accélérer la marchandisation de l’école. Différends et marchandisation qui posent le sens-même de l’école, c’est-à-dire de son objectif véritable. Ici, Laurence De Bock nous invite à redécouvrir le travail de Paolo Freire et sa pédagogie des opprimés comme outil pour construire le modèle éducatif d’émancipation sociale qu’elle défend dans son ouvrage.
« École » de Laurence De Bock est donc un livre conçu pour se réapproprier un mot-clef, déconstruire les idées reçues et prendre position dans le débat public au sujet de l’éducation Doté d’une riche et vivifiante bibliographie, il permet à celles et ceux qui le souhaiteraient d’interroger les finalités de l’éducation et de mettre en pratique les idées défendues dans ce livre qui se veut « un plaidoyer pour une école commune, démocratique et émancipatrice ».
Julien AnnartÉcole
Laurence De Cock
Anamosa, 2019