Il y a ces mots qui percutent, qui bousculent et qui forcent la réflexion. Et puis il y a aussi ceux qui, petit à petit, se vident de leur sens. Ils deviennent tout et n’importe quoi. Tel est le cas de l’environnement. Au sein de la collection « Le mot est faible » de chez Anamosa, Laurent Fonbaustier, professeur de droit public à l’université Paris-Saclay, dépose ce mot sur la table, l’analyse et lui redonne un souffle vital. En revenant à son essence – l’ensemble des facteurs chimiques, physiques et biologiques dont dépendent des êtres vivants pour vivre et se reproduire – l’auteur arrive rapidement au fait que l’être humain s’est cru et se croit toujours maitre de ce qui l’environne, alors qu’il n’en est que l’invité. Des décennies de vision autocentrée, destructrices et en partie irréparables, qui imposent aujourd’hui selon l’auteur d’imaginer une démocratie, voire même une Constitution environnementale si on veut garder la tête hors de l’eau. Ou ne pas finir assoiffé, selon les points de vue. Un changement de paradigme, une nouvelle temporalité politique, une éthique revisitée. Même si le sursaut parait aujourd’hui inévitable, les débats se portent aujourd’hui sur le mode d’action et le calendrier à mettre en place. Où il faudra nécessairement dépasser les intérêts étroits et personnels, tout en n’étant pas imperméable à un changement parfois radical dans notre façon d’être, d’agir et de penser. Davantage envisager l’humain diminué qu’augmenté, réduit pour le meilleur plutôt qu’arrogant pour le pire, selon les mots de l’auteur. Et ce – même si elles apparaissent en filigrane dans le texte mais sans être clairement explicitées – les nécessaires luttes sociales pour davantage de solidarité et de justice sociale, autant au niveau national qu’international. Il n’est pas encore trop tard.
Pierre VangilbergenEnvironnement
Laurent Fonbaustier
Collection "Le mot est faible"
Anamosa, 2021