Julien Dohet et Olivier Starquit (qui écrivent tous deux régulièrement dans nos pages) publient un petit ouvrage fort stimulant sur les métamorphoses de l’extrême-droite intitulé « La bête a‑t-elle mué ? » Les auteurs commencent par dresser une généalogie de l’extrême-droite européenne à partir de l’opposition à la Révolution française, en poursuivant par la poussée antisémite, qui culmine lors de l’affaire Dreyfus, le boulangisme, la création de l’Action Française par Charles Maurras, le fascisme de Mussolini, le nazisme, Rex de Léon Degrelle, et, après-guerre, se fondant sur un anticommunisme virulent, la montée du MSI en Italie ou du FN en France. En Belgique, les différentes facettes du mouvement flamand s’illustrent par la revendication de l’amnistie et, depuis une vingtaine d’années, le Vlaams Belang élabore de nouvelles stratégies, notamment via les réseaux sociaux, qui débouchent sur des succès électoraux. Les discours anti-Lumières qui défendent des nations et des régions « homogènes » culturellement combinés avec un néolibéralisme économique, se portent, hélas, très bien, en ce compris en dehors des frontières de l’Union européenne. Les auteurs, en pointant la stricte observance du cordon sanitaire, la proximité avec le citoyen électeur ou la vigueur des fronts antifascistes en Wallonie, tracent des pistes pour une reconquête, de l’élaboration d’une véritable stratégie médiatique à l’approfondissement des processus démocratiques, en passant par un éloge de l’éducation populaire, tel Saul Alinsky, et par l’élaboration d’un contre-populisme de gauche, conceptualisé par Chantal Mouffe. Un livre « boussole » plus qu’utile par avis de tempêtes racistes, sexistes et nationalistes qui inondent notre présent.
Jean CornilLa bête a-t-elle mué ?
Les nouveaux visages de l’extrême-droite.
Julien Dohet et Olivier Starquit
Liberté j'écris ton nom, Centre d'Action Laïque, 2020