Jean Lemaître nous propose dans La commune des Lumières un magnifique récit sur la vie du militant anarchiste portugais Antonio Correia. Inspiré par les grandes figures libertaires de l’époque comme Tolstoï, Elisée Reclus, Bakounine et Pierre Kropotkine, cet homme exceptionnel, représentant de commerce en bicyclette, infatigable défenseur des idéaux de fraternité et de partage, fonde en 1916, la « Comuna da Luz » dans l’Alentejo, une communauté autogérée où les règles de vie n’en demeurent pas moins très strictes : ne pas fumer, ne pas boire d’alcool et ne pas manger de viande (comme les principes imaginés par Thomas More dans l’Utopie au début du 16e siècle). Malgré les sombres nuages qui la menacent, des forces réactionnaires jusqu’à l’épidémie de grippe espagnole, dont pas un camarade de la commune ne décèdera, cette expérience politique exceptionnelle prendra fin, suite à l’échec de la grève générale du 18 novembre 1918 et à la répression des soldats et des gendarmes du régime autoritaire de Sidonio Pais. Antonio, qui s’était engagé à ne jamais couper sa barbe tant que durerait le fascisme, meurt dans son lit le 2 décembre 1967. Mais il revit formidablement sous la plume de Jean Lemaître qui conte avec grand talent la fougue révolutionnaire de cet ardent défenseur de la solidarité universelle.
Jean CornilLa Commune des Lumières
Portugal, 1918, Une utopie libertaire
Jean Lemaître
Otium, 2019.