Pourquoi adhérons-nous benoîtement à un système qui nous opprime ? Pourquoi, nés libres, consentons-nous à vivre dans les fers, selon la maxime de Jean-Jacques Rousseau. Pourquoi cette servitude volontaire, selon l’œuvre fameuse de Étienne de La Boétie ? Olivier Starquit, au départ d’une judicieuse préface de Jacques Généreux, tente une adaptation moderne de l’exploitation consentie. Dans « L’extinction des Lumières », il met en relief tous les éléments, de la langue à la publicité, du formatage de l’information au culte du consommateur, qui nous conduisent à nous résigner au monde tel qu’il est et à nous priver de tout imaginaire alternatif. L’idéal du XVIIIe siècle d’un homme autonome, libre et tendu vers un futur de promesses, s’effondre. L’obscurité et l’obscurantisme imprègnent nos cerveaux et notre rapport aux autres dans la gestion – la digestion ? – de la cité. Nous sommes devenus des spectateurs de nos vies et du grand spectacle mondialisé. Ce petit livre salutaire est une élévation vers la lucidité et la prise de conscience des grilles invisibles qui enferment notre regard critique et amoindrissent nos horizons.
Jean CornilL’extinction des Lumières
Olivier Starquit
Les Territoires de la Mémoire, 2011