Masquer le monde

Quand six anthro­po­logues du Labo­ra­toire d’Anthropologie Pros­pec­tive (UCL) décident, en pleine pan­dé­mie, d’écrire leurs réflexions sur la « crise » à par­tir de leurs expé­riences per­son­nelles, le résul­tat est pas­sion­nant. Au fil des six contri­bu­tions des auteur·es, avec chacun·e ses sen­si­bi­li­tés et ses expé­riences, l’ouvrage pro­pose de reve­nir sur des thé­ma­tiques fortes mises en relief par la crise en re-contex­tua­li­sant ses enjeux (crises éco­lo­giques, sociales, éco­no­miques…). Que ce soit à pro­pos du deuil (impos­sible), de l’origine du Covid ou encore de l’impact des masques sur nos vies, les auteur·es racontent « l’avatar impré­vu de la glo­ba­li­sa­tion ». Au prisme de leurs recherches et de leurs expé­riences intimes, iels pro­posent un décryp­tage ori­gi­nal sur la tem­pête sani­taire. C’est le cas par exemple du texte de Jacinthe Maz­zoc­chet­ti qui aborde, à par­tir de son expé­rience per­son­nelle dou­lou­reuse (le décès sou­dain de proches), la dure réa­li­té d’autres dis­pa­rus, oublié·es du quo­ti­dien, décryp­tant cette insup­por­table « logique du ‘’tri’’, la caté­go­ri­sa­tion des humains, des asy­mé­tries inac­cep­tables ». L’ouvrage ne manque évi­dem­ment pas, en fili­granes, d’aborder l’aggravation des inéga­li­tés (et des crises) cau­sées par la mala­die mais éga­le­ment d’imaginer quelles solu­tions nous pour­rions entre­voir pour demain. Mas­quer le Monde est un petit manuel éclai­rant pour qui­conque sou­hai­te­rait che­mi­ner sur les enjeux com­plexes de cette crise, loin des ana­lyses pom­peuses ou des récits média­tiques orien­tés sur l’instant.

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