Par delà les clivages des partis politiques où les propositions se côtoient parfois de manière indifférenciée, qu’est-ce qui, au fond, fait la différence entre la droite et la gauche ? Quels sont les invariants structurels qui, au travers de l’histoire, dressent la frontière permanente entre une analyse et une vision du monde et qui séparent les deux pôles modernes de la politique ? C’est la tentative d’Emmanuel Terray dans son dernier livre, « Penser à droite ». Sur base de différents critères, le réalisme, l’ordre, l’inégalité, la hiérarchie, l’Etat, l’individu, la démocratie, la nation, la patrie ou la nature humaine, l’anthropologie bâtit une passionnante cartographie des distinctions fondamentales entre droite et gauche. Au-delà des traductions politiciennes qui encombrent les débats, c’est une véritable plongée dans l’inconscient d’une conception de droite des hommes et de la vie. Même s’il faut souligner le caractère de plus en plus aggravé par l’avènement du capitalisme financier, de deux droites qui cohabitent à l’intérieur du même système de pensée. Celle des valeurs de libéralisme économique (mobilité, innovation, nomadisme, risque, compétition, hédonisme) et celle des valeurs du conservatisme social (stabilité, continuité, enracinement, patrie, sécurité, modération, consensus).
Aurélien BerthierPenser à droite
Emmanuel Terray
Galilée, 2012