En invoquant d’emblée Spinoza et Lévi-Strauss, la philosophe Laurence Hansen-Løve pose les bases philosophiques de sa réflexion. La révolution en cours, explique-t-elle, tire ses fondements dans ces pensées issues d’un autre siècle et qui, comme la plupart de celles des lanceur·euses d’alerte, sont restées lettres mortes. Pour elle, nous avons aujourd’hui dépassé un point de bascule et il s’agit moins de lancer l’alerte que d’agir. Or, affirme l’autrice, nous connaissons les solutions pour faire face tant au réchauffement climatique qu’aux pandémies et autres désastres planétaires. « Nous refusons d’agir parce que nous avons peur non pas du mal, mais du remède » déclare celle qui dénonce la société capitaliste patriarcale comme l’une des principales, si pas la principale cause de l’état de notre planète Terre. Évoquant tour à tout l’écosophe Arne Næss, le précurseur de l’écosocialisme Walter Benjamin, l’écoféministe Vandana Shiva, les convivialistes ou les écologistes historiques, Laurence Hansen-Løve dresse un tableau à la fois lucide et pragmatique tout en ouvrant la voie à un élan d’optimisme bienvenu après ce constat, affligeant s’il en est, de la situation actuelle. Faisant l’éloge d’une jeunesse en mouvement et de plus en plus sensibilisée, de la multiplication des actions non-violentes et des initiatives responsables, elle déclare voir poindre « la fin de l’aveuglement consumériste et une véritable responsabilité écologique, utilisant la nature sans la piller et permettant de vivre décemment sans la détruire ». Et de se prendre à rêver à un scénario dans lequel le changement climatique et l’ensemble des crises actuelles permettraient un basculement vers une renaissance des démocraties. On ne demande qu’à y croire.
July RobertPlanète en ébullition-
Écologie, féminisme et responsabilité
Laurence Hansen-Løve
Ecosociété, 2022