Tout le monde aura bien évidemment compris que le titre de cet ouvrage parodie la brochure de Lénine, intitulée Que Faire ?. L’auteur n’y élabore pas un nouveau manifeste révolutionnaire mais s’interroge sur ce qu’il conviendrait de faire, quand on est anticapitaliste pour cesser de piétiner, pour retrouver des perspectives plutôt que de voltiger d’une urgence à l’autre. Il pose aussi de nombreuses questions que ces urgences nous empêchent systématiquement de poser : comment nous battons-nous ? À quoi bon socialiser les moyens de production si c’est pour rester dans le même degré d’aliénation qu’avant ? Le livre aborde — et c’est là toute son utilité, quelques désaccords à gauche principalement concernant le rapport à l’État, à la technologie et au progrès. Ainsi, alors que les Lumières radicales prônaient la volonté d’autonomie et d’autolimitation, l’auteur constate que c’est l’autre face des Lumières qui a triomphé, à savoir « la volonté cartésienne de maitrise technique et d’organisation totale ». Or, le camp anticapitaliste peut-il reprendre de façon acritique cette idée de développement infini, de contrôle total, de domination sans partage ? Faut-il toujours aller de l’avant ? La société que nous souhaitons voir advenir sera-t-elle régie par les techniques de pointe, l’organisation scientifique du travail et la rationalisation ? Ou bien voulons-nous porter une autre conception de la société ? Changer le monde passe-t-il par la conquête de l’État ? En somme, ce petit ouvrage revigorant et foisonnant soulève la question des objectifs et la question des moyens. Tout ceci dans le but de retrouver de l’optimisme, de la conviction. À lire pour ouvrir le débat !
Olivier StarquitQue défaire ? - Pour retrouver des perspectives révolutionnaires
Nicolas Bonanni
Le Monde à l’envers, 2023