Sexualités, sentiments et stéréotypes

Juliet Henriet

Cet essai per­met de tra­cer les contours de la réa­li­té de l’EVRAS. Mais qu’est-ce donc que l’EVRAS, terme pas encore très connu du grand public ? Il s’agit de l’éducation à la vie rela­tion­nelle, affec­tive et sexuelle qui est menée au sein des écoles. Sur le ter­rain édu­ca­tion­nel on le retrouve dans les classes de mater­nelles et de secon­daires. Juliet Hen­riet a tra­vaillé une quin­zaine d’années comme ani­ma­trice EVRAS dans le sec­teur du plan­ning fami­lial. Dans son essai elle a vou­lu mettre en lumière le plai­sir qui peut être pris par l’animateur ou l’animatrice qui dis­pose d’assez de res­sources pour ne pas s’épuiser, d’assez d’expériences pour pou­voir prendre du recul et d’assez de sou­tien pour pou­voir se ména­ger. Les pro­jets d’EVRAS peuvent être des temps pro­pices à la construc­tion d’une socié­té inclu­sive et éga­li­taire puisqu’elle vise entre autres à remettre en ques­tion les sté­réo­types sexistes, les rap­ports de pou­voir, l’hétéronormativité. Et plus lar­ge­ment à éveiller les consciences des citoyen·nes de demain, tout en leur appor­tant les élé­ments néces­saires à une vie sexuelle libre et éclai­rée, dans le res­pect de soi et de l’autre. C’est un puis­sant levier de chan­ge­ment, à titre indi­vi­duel comme au niveau socié­tal. Un espace de grande créa­tion à plu­sieurs qui peut sau­ver des vies. Mais, actuel­le­ment, il faut savoir que l’EVRAS ne dis­pose pas des moyens humains et finan­ciers néces­saires à sa géné­ra­li­sa­tion. Des dis­po­si­tifs tels que « les cel­lules EVRAS » per­mettent une implan­ta­tion dans l’école, mais elles exigent qu’on leur accorde du temps et ne concernent pour le moment que peu d’écoles. En effet, l’enseignement ne reçoit pas les moyens suf­fi­sants pour assu­rer serei­ne­ment ses mis­sions et l’EVRAS peut être per­çue comme une contrainte sup­plé­men­taire. Et les jeunes dans tout cela ? De quoi ont-ils-elles réel­le­ment besoin en matière d’EVRAS ? Et si on sup­po­sait que le préa­lable à l’EVRAS était qu’elle ne soit pas en ten­sion avec la socié­té inéga­li­taire et capi­ta­liste dans laquelle nous évo­luons ? Cela per­met­trait-il de déve­lop­per davan­tage le concept de l’EVRAS au sein des ins­ti­tu­tions édu­ca­tion­nelles ? Peut-être un espoir s’invite.

Sabine Beaucamp

Sexualités, sentiments et stéréotypes - Oser en parler
Juliet Henriet
CAL, 2021

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