Trop tard pour être pessimistes !

Les der­nières phrases du nou­veau livre de Daniel Tanu­ro résument tout l’en­ga­ge­ment de l’au­teur repo­sant sur une impla­cable ana­lyse et une vive dénon­cia­tion du désastre éco­lo­gique, social et poli­tique en cours : « il est trop tard pour être pes­si­mistes. Il faut se battre. » Face au capi­ta­lisme qui dévaste les éco­sys­tèmes et broie femmes et hommes, humains et non-humains, dans son inexo­rable logique pro­duc­ti­viste, fon­dée sur la concur­rence pour un pro­fit maxi­mal, Tanu­ro pro­pose une alter­na­tive radi­cale et fixe un cap éman­ci­pa­teur sous le beau concept d’é­co­so­cia­lisme. L’ho­ri­zon, tout à la fois abso­lu­ment néces­saire et tota­le­ment mino­ri­taire, se des­sine autour « d’un plan radi­ca­le­ment anti­ca­pi­ta­liste, anti­pro­duc­ti­viste, fémi­niste, paci­fiste et inter­na­tio­na­liste qui engage une trans­for­ma­tion his­to­rique : rem­pla­cer la pro­duc­tion pour le pro­fit par la pro­duc­tion pour les besoins réels, démo­cra­ti­que­ment déter­mi­nés, dans le res­pect des éco­sys­tèmes ». Il fixe les prin­cipes, les prio­ri­tés, les enjeux clés, les acteurs à l’a­vant-garde des luttes dans « cette course de vitesse entre le désastre et la conscience du désastre ». « Pro­duire moins, trans­por­ter moins, par­ta­ger plus », ce pro­gramme néces­site notam­ment la socia­li­sa­tion des sec­teurs de l’éner­gie, de l’a­gro­bu­si­ness et de la finance, la sup­pres­sion des pro­duits et des trans­ports inutiles, un cadre légal pour l’ef­fi­cience et la dura­bi­li­té des pro­duits, le par­tage effec­tif des richesses, les répa­ra­tions des dégâts du colo­nia­lisme, le com­bat cultu­rel contre l’argent et pour la gra­tui­té, la garan­tie de l’emploi et de la qua­li­té des sys­tèmes de sécu­ri­té sociale, la fin des insup­por­tables dis­cri­mi­na­tions envers toustes cel­leux qui ne s’in­carnent pas dans le mâle blanc hété­ro­sexuel occi­den­tal… Les mou­ve­ments pay­sans, ceux des femmes, des jeunes et des peuples indi­gènes, les Gilets jaunes ou Extinc­tion Rebel­lion, par leurs luttes déter­mi­nées, éclairent le che­min. Mais, le moins que l’on puisse dire, sin­gu­liè­re­ment au cœur de la crise sani­taire, c’est que nous sommes très loin du cap fixé par Daniel Tanuro.

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