Tout le monde a son petit avis sur la manière dont devrait fonctionner l’école afin de la réformer, la mettre au pas ou encore la sauver. Pourtant, il existe des récits s’appuyant sur une expérience sensible comme celui de l’écrivaine et enseignante française Nathalie Quintane. Dans son dernier livre, Un hamster à l’école, celle-ci revient sur son parcours au sein de l’Éducation nationale. Plus de 50 ans à traverser l’institution scolaire en tant qu’élève, étudiante et prof de lettres, racontés sous formes d’anecdotes qui révèlent une machine à fabriquer de la soumission. Bien qu’écrit à la première personne, ce livre est un témoignage polyphonique mêlant les points de vue de l’autrice à ceux d’élèves et de parents déboussolés. Brouillant volontairement les frontières de genre entre poésie, littérature et essai, Quintane choisit une prose coupée et un ton à la fois incisif, drôle et sarcastique (on se surprend à rire aux éclats). Un style prônant l’oralité et l’argot (« viteuf », « comass »). Une manière quelque part de refuser une langue scolaire, surplombante. Un ouvrage critique, certes, mais pas pamphlétaire. Juste et précis mais pas sociologique. S’il faut le définir, on préfère parler de littérature d’intervention car Quintane ne perd pas de vue son adversaire : le néolibéralisme qui s’attaque à l’école comme il l’a fait avec la Poste. Elle n’épargne pas non plus les profs et, plus particulièrement, tous ceux qui se pensent à gauche alors qu’ils sont fondamentalement de droite. D’ailleurs, elle dénonce ce zèle perpétuel au sein de l’école à fabriquer « son petit droit en interne qui fait jouer le martinet » pour devenir au final « plus royaliste que le roi. Plus dirigeant que l’État. Plus administrant que l’institution. Plus répressif que la police ».
Aurélie GhalimUn hamster à l’école
Nathalie Quintane
La Fabrique, 2021