Ce dernier numéro d’Alternatives Sud aborde sous de multiples facettes la visibilité de violences de genre. Dans le texte signé par Luna Follegati Montenegro et Pierina Ferretti, celles-ci témoignent d’une irruption dans l’espace public des mouvements latino-américains qui s’inscrit dans la continuité de luttes anciennes, mais qui relève aussi d’une approche inédite de la violence établissant des liens entre capitalisme, colonialisme et patriarcat. Almudena Cortes Maisonave explique que le parcours des femmes migrantes s’articule à un régime de mobilité qui produit et reproduit les hiérarchies et les rapports de pouvoir lié au genre. Victimes certes mais non passives pour autant, ces femmes migrantes mettent en place des stratégies de résistance. Dans un autre chapitre Jyoli Diwakar écrit que les crimes sexuels contre les femmes dalits sont en augmentation en Inde. Ce phénomène n’a pas pour seul moteur le patriarcat et pour seule fin la possession du corps féminin. Il vise également à restaurer l’ordre des castes lorsque surgissent des revendications de la communauté dalit. Marta Lamas insiste sur le fait que le droit d’avorter reste très largement interdit sur le continent latino-américain. La dépénalisation de l’avortement constitue, avec le rejet du féminicide, la principale revendication des divers mouvements féministes d’Amérique latine. La lutte pour un « internet féministe » au Mexique est au cœur des discussions qui prône une nouvelle loi dite « Olimpia » pour un internet sans harcèlement ni sexisme. Elle est l’une des rares initiatives parlementaires d’origine populaire. Otamandi, Barroso et Calazans soulignent dans leur contribution respective qu’au Brésil, durant la période covid-19 les principales victimes de féminicides ont été des femmes noires. Ce ne sont ici que quelques exemples choisis d’une foison de points de vue tous plus intéressants les uns que les autres.
Sabine BeaucampViolences de genre et résistances
Ouvrage collectif
Alternatives Sud, Vol. 28
Centre Tricontinental / Syllepse, 2021