Vista, en réponse à la montée des extrêmes

Illustration : Dahlia Maunoury

En décembre 2021, un nou­veau par­ti est sor­ti du bois en Flandre. Vis­ta, com­prend encore évi­dem­ment peu de membres mais pose ses marques à l’horizon des élec­tions de 2024 et annonce vou­loir pro­po­ser une alter­na­tive pro­gres­siste au centre, récu­pé­rer les mécontent·es de la poli­tique et les détour­ner ain­si, peut-être, du vote à l’extrême droite. Nous sommes allé·es à la ren­contre de Jan Wos­tyn, vice-pré­sident du par­ti pour prendre la tem­pé­ra­ture de ce qui s’en vient. Affaire à suivre.

Comment est né « Vista » ?

Vis­ta est né de l’observation de trois constats, trois ten­dances prin­ci­pales en Flandre et un peu par­tout en Europe.

D’abord, la mon­tée de par­tis plu­tôt situés à l’extrême du pay­sage poli­tique, ain­si en Flandre le Vlaams Belang, en Wal­lo­nie la Gauche radi­cale incar­née par le PTB ou dans d’autres pays comme par exemple Alter­na­tive für Deut­schland en Alle­magne. Je pense que c’est géné­ra­li­sé à tous les pays euro­péens. Pro­ba­ble­ment en par­tie à cause de la pola­ri­sa­tion ali­men­tée par les réseaux sociaux. Cette pola­ri­sa­tion pousse de plus en plus de gens à se tour­ner vers des visions extrêmes, conser­va­trices de la socié­té. C’est le pre­mier constat.

Le deuxième constat qui est direc­te­ment lié, c’est que les par­tis tra­di­tion­nels ne semblent plus capables de pou­voir arrê­ter cette mon­tée, car ces par­tis eux-mêmes, ren­contrent beau­coup de pro­blèmes internes et n’ont plus à vrai dire une idéo­lo­gie claire et très per­ti­nente aujourd’hui. La jeune géné­ra­tion regarde la socié­té d’une manière beau­coup plus prag­ma­tique. Dès lors, ces par­tis tra­di­tion­nels essaient de renou­ve­ler leur poli­tique. se réinventer

Le troi­sième constat c’est qu’après l’intégration du par­ti Spi­rit au sein du par­ti socia­liste fla­mand il n’y avait plus de mou­ve­ment en Flandre qui vou­lait com­bi­ner d’un côté plus d’autonomie pour la Flandre, et de l’autre une vision de socié­té plus pro­gres­siste. Cela n’existait pas.

Ces trois élé­ments ensemble ont fait qu’un groupe de per­sonnes s’est retrou­vé pour lan­cer une nou­velle ini­tia­tive poli­tique, car il y avait un réel besoin d’arrêter cette mon­tée des extrêmes. Il est très clair qu’en Flandre naissent beau­coup d’initiatives citoyennes suite à la perte de vitesse des par­tis tra­di­tion­nels. Vis­ta veut jouer un rôle en offrant une alter­na­tive à ces poli­tiques éro­dées par un pou­voir trop long­temps en place.

Et quelle est cette alternative que propose Vista ?

Une alter­na­tive : déve­lop­per une vision pro­gres­siste sur le long terme. J’ai l’impression que l’on ne pense plus du tout comme ça.

C’est le phé­no­mène de la par­ti­cra­tie qui fait que chaque par­ti aujourd’hui a une seule pré­oc­cu­pa­tion, c’est de res­ter en place et d’améliorer leur posi­tion pour pré­ser­ver leurs propres inté­rêts. On ne pense plus inté­rêt géné­ral. Avec Vis­ta nous espé­rons pou­voir recom­men­cer à zéro et par­tir d’une page blanche, construire une nou­velle ini­tia­tive poli­tique. Vis­ta veut lais­ser plus d’autonomie au niveau local. Nous esti­mons qu’il faut repen­ser la Bel­gique d’un point de vue local en remon­tant vers les enti­tés fédé­rées. Il y a clai­re­ment une demande pour plus d’autonomie et de com­pé­tences régio­nales en fonc­tion des besoins des citoyens et citoyennes. Nous allons tra­vailler d’abord le local, le régio­nal et le fédé­ral en Flandre et à Bruxelles. Notre but est vrai­ment de construire un par­ti en com­men­çant par le niveau local.

La création de Vista influencerait le score électoral du Vlaams Belang et de Bart De Wever, cela les affaibliraient ?

Je pense qu’il y a clai­re­ment un grand besoin d’une nou­velle alter­na­tive poli­tique au centre. Les gens votent sou­vent pour les extrêmes non pas parce qu’iels sont convaincu·es par ceux-ci, mais parce qu’iels sont déçu·es par les par­tis en place. Il y a beau­coup de « sans-abris poli­tiques » en Belgique !

La pro­por­tion de la popu­la­tion vrai­ment convain­cue par un pro­gramme raciste ou xéno­phobe n’est pas supé­rieure à 5 – 10 % selon les études socio­lo­giques qui ont été menées. Le reste qui se rajoute ce sont des mécontent·es.

Vous espérez atteindre les 5 % nécessaires pour exister dans la sphère politique ?

C’est effec­ti­ve­ment un autre aspect de notre sys­tème poli­tique c’est qu’il y a ce seuil de 5 % à recueillir si on veut vrai­ment avoir un véri­table impact. C’est bel et bien notre ambi­tion de fran­chir ce seuil. Mais si nous attei­gnons le chiffre de 100 000 électeur·rices même avec seule­ment 2 à 3 % au niveau d’une seule pro­vince par exemple. Les par­tis tra­di­tion­nels ver­ront qu’il y a créa­tion d’une nou­velle alter­na­tive qui peut faire pres­sion sur les majo­ri­tés en place. Il est clair que le sys­tème serait plus rai­son­nable si par exemple le finan­ce­ment des par­tis n’était pas lié au nombre de sièges au Par­le­ment. Les petits par­tis ne sont pas logés à la même enseigne.

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