Anne Teresa De Keersmaeker

Ma marche est ma danse

Photo : Anne Van Aerschot

Est-il besoin de pré­sen­ter Anne Tere­sa De Keers­mae­ker ? Cho­ré­graphe belge fla­mande quin­qua­gé­naire née à Malines qui a véri­ta­ble­ment appor­té un nou­veau souffle dans le monde de la danse au début des années 80. Un nou­veau cou­rant de danse fon­dé sur le mini­ma­lisme, la rela­tion danse/musique, l’architecture et l’espace ain­si que la rigueur. Sa pro­chaine créa­tion Par­ti­ta N°2 en col­la­bo­ra­tion avec Boris Char­matz tra­vaille­ra autour de la ques­tion « quelle est ma danse, ma manière de dan­ser aujourd’hui ? ». Dans la Par­ti­ta de Bach, ça dan­se­ra, ça bou­ge­ra beau­coup et ce ne sera pas pour nous déplaire !

Anne Tere­sa De Keers­mae­ker est une figure majeure de la danse contem­po­raine mon­diale. Après des études de danse à l’école de Mau­rice Béjart à Bruxelles ain­si qu’à New York Uni­ver­si­ty of Art, elle crée à 22 ans, son spec­tacle Fase et un an plus tard, sa com­pa­gnie Rosas. En 1995, elle fonde l’école de danse PARTS à Bruxelles. La cho­ré­graphe n’hésite pas à pui­ser dans notre héri­tage cultu­rel, empreint de sciences et de mémoire. Ces der­nières années, Anne Tere­sa De Keers­mae­ker suit un par­cours pla­cé sous le signe de la remise en ques­tion et la cla­ri­fi­ca­tion des para­mètres fon­da­men­taux de son tra­vail de chorégraphe.

ROBE NOIRE ET PETITE CULOTTE BLANCHE

À ses tous débuts, Anne Tere­sa appre­nait à fabri­quer une danse, elle par­tait de rien, très concrè­te­ment la musique de Steve Reich a été pour elle une forme d’auto-apprentissage. Elle aimait par­ti­cu­liè­re­ment la struc­ture de cette musique, son aspect à la fois répé­ti­tif et incar­né, c’est aus­si une qua­li­té que l’on retrouve chez Bach (clin d’œil à sa créa­tion en pré­pa­ra­tion). Anne Tere­sa a réa­li­sé quatre pièces dans les­quelles elle dan­sait en robe noire lais­sant entre­voir la petite culotte blanche (son habit de scène, sa touche per­son­nelle qui fai­sait sa sin­gu­la­ri­té dans le monde de la danse) plus tard pour des rai­sons diverses, elle a dû prendre du recul, c’est alors qu’elle a tra­vaillé en tant que cho­ré­graphe, puis quelques années plus tard elle est reve­nue à la danse avec cette ques­tion à l’esprit « où en est ma danse à l’heure actuelle ? ».

Dans sa nou­velle créa­tion Par­ti­ta N°2, Ce qui l’intéresse dit-elle, « c’est que d’une part la danse per­mette de visua­li­ser la struc­ture de la par­ti­tion, ses fon­da­tions en quelque sorte. Et en même temps, que l’on puisse jouer sur tous les niveaux les plus directs de la musique. Pou­voir suivre par moments l’aspect immé­diat de ce que la musique pro­duit dans nos corps : les envo­lées, les ver­tiges, le plai­sir phy­sique, la réponse la plus immé­diate au son. On retrouve ce qui m’intéressait chez Reich en un sens : la pure­té de la com­po­si­tion mathé­ma­tique, et en même temps, l’aspect sen­sible, presque dou­lou­reux par moments. L’aspiration du corps par cette musique, du corps dans toutes ses limites, tout son désir d’atteindre cette musique, de fusion­ner avec elle ».

Les étroites col­la­bo­ra­tions d’Anne Tere­sa avec des artistes comme Alain Fran­co (Zei­tung, 2008), Ann Vero­ni­ca Jans­sens (Kee­ping Still part 1, 2008, The song, 2009 et Cese­na, 2011), Michel Fran­çois (The song et En Atten­dant, 2010), Jérôme Bel (3Abschied, 2010) et Björn Schmel­zer (Cese­na, 2011) lui ins­pirent une réflexion sur les élé­ments essen­tiels de la danse : le temps et l’espace, le corps et sa voix, sa capa­ci­té à se mou­voir et son rap­port au monde.

Anne Tere­sa De Keers­mae­ker tra­vaille sans relâche, au-delà de la per­for­mance, c’est tout son être qu’elle engage dans la danse. Pour mieux faire connais­sance avec son tra­vail et sa per­son­na­li­té, elle a sor­ti en mai der­nier un livre « Car­nets d’une cho­ré­graphe » ain­si qu’un cof­fret de 4 dvd « Ear­ly Works ». La cho­ré­graphe s’entretient avec la théo­ri­cienne du spec­tacle et musi­co­logue Boja­na Cve­jic, afin de détailler les prin­cipes cho­ré­gra­phiques de ses quatre pre­mières œuvres (1981 – 1986) : Fase, Rosas danst Rosas, Elena’s Aria, Bar­tok. Les dvd pro­posent quant à eux des démons­tra­tions dan­sées d’Anne Tere­sa et des extraits de spec­tacles où les expli­ca­tions se mettent elles-mêmes à danser !

Carnets d’une chorégraphe, publié par le Fonds Mercator et Rosas

www.fondsmercator.be
www.rosas.be

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